En 2016, le don du sang sera enfin ouvert aux homosexuels, mais sous de strictes conditions

À partir du 1er juin 2016 en France, les homosexuels pourront donner leur sang. C’est ce qu’a annoncé ce mercredi 4 novembre 2015 la ministre de la Santé Marisol Touraine. Une autorisation qui restera soumise à certaines conditions, première étape d’un processus de rapprochement des règles entre hétérosexuels et homosexuels.

Sur le site de l’Établissement français du sang, on peut encore lire aujourd’hui : « Si vous êtes un homme et que vous avez (ou avez eu) des relations sexuelles avec un autre homme, vous ne pouvez pas donner votre sang ». Un tabou et une discrimination qui trouve une explication archaïque, « un risque, considéré comme accru, de contamination par le virus du sida » déplorait en 2012 la ministre de la Santé Marisol Touraine.

Trois ans après, elle annonce enfin une évolution, ou début d’évolution, dans les règles du don du sang par les homosexuels, une demande de longue date des associations de défense de leurs droits. « Dès le printemps 2016, on ne pourra plus être exclu du don du sang en raison de son orientation sexuelle » a-t-elle déclaré au journal Le Monde ce mercredi 4 novembre.

Seulement, l’ouverture de ce droit restera dans un premier temps soumise à conditions, la ministre souhaitant étayer scientifiquement l’approche sécuritaire des personnes transfusées. Une première étape donc qui vise, à terme, à ne plus faire des homosexuels des donneurs définitivement « à risque ». « Nous allons donc procéder par étapes », déclare la ministre.

En effet, les règles de don du sang ne seront toujours pas les mêmes en fonction de l’orientation sexuelle, dans le cadre de cette première étape. Ainsi, les homosexuels qui souhaiteront donner leur sang devront s’abstenir d’avoir des relations sexuelles avec un autre homme 12 mois avant leur don. Actuellement, les hétérosexuels doivent justifier d’une abstinence de seulement quatre mois s’ils changent de partenaire et en cas de prises de risque. Ces périodes d’attente sont appelées « périodes silencieuses », représentant le temps qui s’écoule entre l’infection et l’apparition d’anticorps qui indiquent que le virus s’est déclaré.

Une période silencieuse qui devra donc être bien plus longue pour un homosexuel que pour un hétérosexuel. « Les premiers dons nous permettront de réaliser des études et, s’il n’y a pas de risques, les règles qui s’appliquent aux homosexuels seront rapprochées des règles générales l’année qui suit » justifie Marisol Touraine. « Dans cette optique, nous allons réécrire les questionnaires à remplir lors d’un don de sang pour préciser les conditions pour les homosexuels, mais également pour les hétérosexuels ayant des pratiques à risques, par exemple avec des prostituées », poursuit-elle.

Dans un communiqué, l’association SOS Homophobie semble mitigée, saluant d’abord « la fin de l’exclusion systématique et à vie des homosexuels et bisexuels masculins des dons de sang » tout en regrettant « le maintien des discriminations fondées sur l’orientation sexuelle ».

Source : lemonde