40 personnalités lancent un appel pour limiter les salaires des patrons

La question de savoir qui gagne quoi et comment peut parfois passionner le grand public. Suscitant parfois le questionnement et l’indignation, certains salaires extrêmement élevés ne sont pas sans nous rappeler les écarts qui se creusent dans la société française actuelle qui est en crise financière. Certains politiques et intellectuels se sont saisis du débat. En une de Libération, « les 40 lancent un appel au CAC 40 » avec la volonté de faire bouger les choses et de faire face à ce problème d’écart entre le patronat et les salariés. On note au passage que le texte a été lancé en lien avec une pétition en ligne qui rassemble pour l’heure 2 868 soutiens.

Le salaire des grands patrons est dans la ligne de mire. L’idée est simple : les empêcher de gagner plus de 100 fois le SMIC. En clair, cela représente 1,75 million d’euros par an pour ces PDG. Parmi les personnes qui se cachent derrière cet appel, on retrouve des personnalités diverses : économistes, écrivains, historiens, syndicalistes, hommes politiques…et grands patrons, comme Jean-François Rial, à la tête de Voyageurs du monde (une agence de voyages de renom engagée pour l’environnement) et Serge Papin, PDG des supermarchés Systeme U. À en croire ce dernier, signer ce texte est comme une évidence « parce qu’aujourd’hui il existe des niveaux de rémunérations que j’estime excessifs pour certains dirigeants de très grandes entreprises, et dans le contexte actuel, cela alimente le sentiment de décalage avec ce que vivent les Français au quotidien. » Le texte en question ajoute qu' »en se comportant de la sorte, notre élite économique entretient un sentiment de chacun pour soi délétère » et rappelle que « le principal argument patronal pour justifier de telles pratiques – celui d’un marché mondial des très hauts dirigeants qui nécessiterait un alignement des salaires par le haut – n’est corroboré par aucune étude économique sérieuse. »

Libération partage ce constat en rappelant que « Rien qu’en 2015 la rémunération ­totale des patrons du CAC 40 a augmenté ­entre 5% et 11% selon les évaluations, pour atteindre un montant moyen de 4,2 millions d’euros par an, soit 240 SMIC ». On ne peut par ailleurs pas oublier « le pari de l’autorégulation » du gouvernement en 2013 qui rentre totalement dans cette lignée. Si cette mesure était adoptée, Libération estime que « la quasi-totalité des patrons du CAC 40 (et donc une très grande partie de leur comité exécutif) », serait contraint de « baisser leur rémunération d’au moins 58% ».

Quelle réaction à Matignon ?

Cet appel intervient après les polémiques sur les salaires de Carlos Ghosn (PDG de Renault qui a empoché plus de 15 millions d’euros en 2015)  et Carlos Tavares (qui percevra plus de 5 millions d’euros cette année). Sur RTL jeudi matin, Manuel Valls s’est montré favorable à une telle mesure qui « montre bien le chemin qu’il faut prendre« . Il a d’ailleurs commenté cette actualité en disant que : « nous avons fait le choix dans un premier temps de mettre les entreprises face à leurs responsabilités, en l’occurrence le patronat. Force est de constater que cela n’a pas été respecté. Donc maintenant, il faut légiférer. » Pour lui, « il faut donner aux actionnaires davantage de pouvoirs pour que ceux qui s’augmentent ces rémunérations puissent devant leurs actionnaires revenir sur ces décisions si c’est nécessaire »(…) Dans le projet de société que je défends, bien sûr qu’il n’est pas immoral de bien gagner sa vie. Mais ce qui est immoral, ce sont ces rémunérations, de s’augmenter de cette manière sans se rendre compte des dégâts que cela peut représenter. » François Hollande avait déjà parlé de sa volonté de légiférer sur la rémunération des PDG au nom de l' »exigence morale » si « rien ne se fait du côté patronal« . Manuel Valls a ajouté néanmoins qu’il convient de faire attention « parce qu’il y a aussi des risques d’inconstitutionnalité ». La question reste donc de savoir si l’État osera légiférer !

En tout cas, si cette mesure venait à être adoptée, on pourrait se demander quelle implication cela pourrait avoir si les autres salaires très hauts en France, tels les sportifs ou artistes.

Sources : Libération ; Marianne ; Nouvel Obs