Asie : l’horrible trafic de la bile d’ours

Une tradition millénaire et un animal protégé en voie de disparition, voici le cocktail détonnant dont les solutions semblent aujourd’hui dans l’impasse. Le trafic de la bile d’ours accentue le risque de voir disparaitre les ours noirs d’Asie de la surface du globe.

« L’extraction de bile d’ours sur des animaux vivants provoque des souffrances inimaginables et des problèmes de santé à long terme » estime Jill Robinson, fondatrice de l’ONG Animals Asia.

Selon Jill Robinson, près de 700 ours sont morts dans des fermes cultivant la bile d’ours au Vietnam. Dans ce pays, ainsi qu’en Chine, près de 12.000 ours seraient enfermés dans ce but. Il s’agit d’une tradition vieille de 3000 ans qui survit au temps au Vietnam, en Chine, mais aussi dans des pays tels que la Corée du Sud et le Laos. La majeure partie de la production de bile d’ours est consommée par des chinois et des coréens, qui y voient un remède contre un nombre incalculable de maux, allant du cancer du foie aux simples contusions.

Le procédé d’extraction est atroce. Toujours d’après Jill Robinson, les fermiers drainent le précieux liquide par le biais de cathéters de 8 à 12 cm de long plantés dans l’animal, ou par « écoulement libre », c’est à dire en créant une fissure dans l’abdomen, facilitant l’accès à la vésicule biliaire.

Des fermes pratiquant ces activités ont pu être visitées par Vice News, dans la province de Phuc Tho au Vietnam. Au programme : cages rouillées, et ours dans une santé alarmante. Une situation qui, malgré les interdictions émanant de la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), continue de plus belle depuis 2005. A la tête de l’antenne Vietnam de l’ONG Animals Asia, Tuan Bendixsen explique :

« Selon moi, il y a deux problèmes majeurs : l’imperfection de la loi et la demande qui continue d’exister. Tant que cette zone grise existe, d’autres ours vont devenir les victimes de ce trafic et souffriront de l’extraction de bile. Nous voyons des preuves de tout cela à travers le nombre d’oursons sortis du trafic. La plupart de ceux qui sont découverts dans le nord [du Vietnam] sont sûrement destinés au marché chinois, mais [des oursons] sont retrouvés à travers tout le pays, ce qui signifie que d’autres sont également destinés aux fermes vietnamiennes. »

En 2011, l’ONG a mené une étude sur 60 000 praticiens de la médecine traditionnelle au Vietnam. 40% de ces médecins ont déclaré avoir prescrit de la bile d’ours pour traiter le cancer du foie, mais pas seulement. D’autres maux bénins sont concernées : douleurs musculaires, fièvres, maux de gorge ou encore simples hématomes. Selon Tuan Bendixsen, il s’agit avant tout de rééduquer les professionnels de la santé ainsi que le public, qui serait la seule manière d’éradiquer ce genre de traitements.

Sources : Vice NewsOne Voice

Crédit photos : Vice News