Un restaurateur de la région parisienne interdit l’entrée de son établissement aux banquiers. Cette action inédite lui a permis de manifester son mécontentement : il s’est vu refuser un prêt de 70.000 euros.
Alexandre Callet est à la tête du restaurant Les Ecuries de Richelieu, situé dans la commune Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine (92). Sur l’ardoise présente devant son établissement, le restaurateur a inscrit un message assez provocateur : « Chiens acceptés, banquiers interdits (sauf droit d’entrée de 70 000 €) »
Selon le tenancier, il s’agit de la seule solution qu’il aurait trouvée afin de communiquer sur son problème avec les banquiers. Alexandre Callet est amer, car il nourrissait le projet d’ouvrir un second restaurant, mais ce dernier est allé de déception en déception, car les banques lui ont refusé un prêt indispensable. Pas moins de vingt établissements bancaires ont été sollicités par le restaurateur, en vain.
Et pourtant selon l’homme de 30 ans, aucun obstacle n’était censé entraver son projet : « Mes crédits sont totalement remboursés et le restaurant génère une excellente marge » estime-t-il, avant d’ajouter : « Les banquiers ne font plus leur métier. »
C’est ainsi qu’il décide de ne plus autoriser l’entrée de son restaurant aux banquiers et de l’écrire en grand sur son ardoise. Le propriétaire des Ecuries de Richelieu s’est d’ailleurs expliqué sur sa situation dans une publication du Nouvel Observateur le 20 février 2016.
« Pendant cinq ans, j’ai travaillé six jours sur sept, sans prendre de vacances. Grâce à ces sacrifices, j’ai réussi à mettre de l’argent de côté, afin de toucher mon rêve du bout des doigts : ouvrir mon propre restaurant » explique-t-il, lorsqu’il évoque son parcours, alors que son établissement est florissant depuis sa création en 2010, et même référencé dans le Guide Michelin.
Après avoir pris de l’expérience, Alexandre Calle décide d’ouvrir son restaurant et sollicite un prêt dans différentes banques, essuyant chaque fois un refus. Dans son malheur, Alexandre Calle entrevoit la lumière : « Par chance, j’ai fini par tomber sur une directrice d’agence qui a cru en moi. In extremis, j’ai pu obtenir le prêt que j’avais demandé et ainsi, ouvrir mon restaurant, les Écuries de Richelieu » explique-t-il.
En 2014, il espère pouvoir racheter la boutique accolée à son restaurant, dans un but d’agrandissement. Il a pu obtenir un prêt, car « il ne s’agissait pas d’une création d’entreprise, mais d’un développement d’activité. » Les travaux, ayant duré plus de quatre mois, ont eu comme effet une baisse des bénéfices que l’intéressé qualifie de « phase de conquête pour mieux rebondir après. » En 2015, les Ecuries de Richelieu ont retrouvé une forme olympique, ouvrant la porte à d’autres espérances.
« Fort de cette réussite, j’ai eu envie de me développer davantage, en ouvrant un second restaurant. »
Cependant, le prêt de 70.000 € demandé par l’intéressé, après avoir trouvé un emplacement idéal et constitué un dossier solide, n’a pas été au goût des banquiers. Les multiples refus et le temps perdu ont fait perdre au restaurateur la possibilité d’obtenir cette seconde entreprise, car il y avait une échéance au 9 janvier 2016.
« En 2011, je m’étais lancé en politique et cette expérience m’avait appris à gérer mon image. Je savais que la provocation et l’humour me permettraient de faire passer mon message, alors, j’ai décidé de refuser l’accès à mon restaurant aux banquiers. »
Trop tard pour acheter le second établissement, le but pour le restaurateur n’est donc pas de se montrer, mais de manifester son mécontentement et prendre le parti de tous les entrepreneurs. L’initiative a d’ailleurs été saluée et soutenue par l’homme politique Jean-Luc Mélenchon, malgré une divergence d’opinions (Alexandre Calle défend le libéralisme économique).
Credit: Twitter« Pourquoi les banques n’aident pas davantage les entreprises, alors que ce sont elles qui font tourner l’économie ? En agissant ainsi, elles asphyxient et sabotent les entreprises qui se battent pour y arriver » s’insurge Alexandre Calle, qui a désormais reçu une proposition d’un banquier qui croit en son projet, qui n’est malheureusement plus d’actualité.
« C’est une bonne nouvelle, mais ce n’est pas ma priorité. Mon but est que les politiques et les intellectuels prennent conscience de l’importance de l’entreprise et remettent cette thématique sur le devant de la scène » conclut le restaurateur.
Sources : Le Figaro – Le Nouvel Observateur – Ouest France