La ville de Naypyidaw est la capitale de la Birmanie depuis presque 10 ans. Cependant, la ville serait d’un calme déconcertant : la démesurée capitale birmane serait… vide !
Naypyidaw (« la cité royale » en Birman) est la nouvelle capitale de la Birmanie depuis le 7 novembre 2005, reléguant Rangoun (Yangon) au simple titre de capitale économique. Le déménagement de toutes les institutions étatiques s’est achevé au printemps 2006. La nouvelle capitale politique a été construite par l’armée dès le début des années 90 dans une zone tropicale au milieu de la jungle. Il a d’ailleurs fallu déboiser une forêt entière composée de tecks, dont certains atteignaient environ 30 m de hauteur.
Les autorités désiraient simplement une capitale centrale, mais il s’agirait en réalité d’une préoccupation géopolitique. Le but était de protéger plus assidument l’administration et le pouvoir politique birman d’une éventuelle invasion. En effet, Rangoun est placée sur le delta du fleuve Irrawaddy, pratiquement au bord de l’océan Indien, la rendant particulièrement vulnérable par voie maritime.
« Rien ne bouge. Officiellement la population de la ville est d’un million d’habitants, mais nombreux sont ceux qui doutent de ce chiffre. Un dimanche après-midi ensoleillé, les rues sont silencieuses, les restaurants et les hôtels sont vides. Cela ressemble à une image terrifiante d’une banlieue américaine après l’apocalypse, comme un film de David Lynch filmé en Corée du Nord » s’étonnent Matt Kennard et Claire Provost, deux journalistes du Guardian après avoir exploré Naypyidaw.
Plus exactement, 1 158 367 d’habitants peupleraient Naypyidaw, selon PopulationData.net (2014), faisant pâle figure face à Rangoun et ses 5 209 541 habitants. Elle serait même seulement la troisième ville la plus peuplée, puisque Mandalay demeure en deuxième position. Les réserves émises par les deux reporters du quotidien anglais sont fondées sur une exagération du nombre communiqué par les autorités birmanes.
Le nombre d’habitants avancé peut être factice, mais la superficie démesurée de la ville et le manque d’infrastructures satisfaisantes pourraient composer la vraie cause du caractère fantomatique de la ville. En effet, la ville s’étale sur 4 800 km2, soit six fois la taille de New York et comporte par exemple des autoroutes gigantesques à 20 voies ! De plus, il y a beaucoup de chantiers de construction loin d’être terminés et une présence insuffisante de transports publics, restaurants, magasins, ainsi qu’une absence totale d’installations téléphoniques. Paradoxalement, la ville compte (déjà) un temple bouddhiste de 99 m de hauteur (Pagode Uppatasanti, réplique de la Pagode Shwedagon de Rangoun), deux stades de 30 000 places, un jardin zoologique ou encore un musée de pierres précieuses, rien que cela.
En somme, il s’agit d’une situation assez semblable à celle d’Astana en 1997, devenant la capitale du Kazakhstan, répétant une histoire similaire de ville capitale ex-nihilo sous fréquentée, après la délocalisation de la capitale Almaty, trop excentrée et limitée dans son développement urbain par le relief environnant. Il serait également possible de donner un exemple plus ancien illustrant la situation, en citant la tentative échouée de centralisation du Brésil avec sa capitale Brasília en 1960, plus symbolique que fonctionnelle.
Sources : Courrier International — Le Vif — Population Data