Quel est cet étrange art ayant investi les rues de Moscou ?

La semaine dernière, des sculptures et d’autres créations hautes en couleurs ont pris racine dans le centre-ville de la capitale russe. Mais d’où viennent-elles?

« C’est comme si la ville avait été envahie par une horde d’aliens au mauvais goût flamboyant », indique Masha Green dans un article du site The New Yorker.

Arches de verres, sculptures de cavaliers, œufs géants et oreilles de lapin sont venus garnir les rues moscovites, ainsi que des répliques de différentes églises, ce qui a suscité l’intérêt et la curiosité des journalistes et autres blogueurs de la ville.

« L’un d’eux a consulté le registre des achats de la ville et a compris qu’il s’agissait d’une installation pour accompagner le Moscow Spring Festival, et qu’elle avait coûté environ 3 millions de dollars » explique Masha Green.

Il y a également une tête féminine faite en végétation artificielle ou encore des « bogatyrs » (héros des contes russes) aussi hauts qu’une maison ainsi qu’une sculpture de policier soviétique de la taille d’un petit immeuble. Ainsi, toutes ces créations font partie du Moscow Spring Festival, un événement qui se déroule du 22 avril au 9 mai 2016.

Masha Green tente une explication. La journaliste indique que ces installations en marge du festival ont une logique politique. Selon elle, « jusqu’à il y a un an ou deux, Moscou cherchait à se transformer en une ville de hipsters », par le biais de transats et d’enseignes vintage, afin de recréer une ambiance soviétique de « paix et de joie ». Cependant, le président Poutine avait fustigé les hipsters en disant d’eux qu’ils étaient bien trop urbains et occidentaux pour être honnêtes, leur reprochant les manifestations de 2011 et 2012.

Ces créations ont également une autre portée selon la journaliste américaine. Il s’agirait pour la ville de Moscou de se recycler voire même se renfermer sur elle-même, puisqu’après l’invasion de la Crimée par la Russie, très peu de touristes viennent visiter la capitale. Ainsi, les mêmes boutiques du centre-ville qui vendaient des souvenirs typiques vendent désormais des produits à l’effigie du président Poutine.

« Les chapkas étaient destinées aux étrangers. Les bogatyrs géants et les églises miniatures s’adressent à un public national. Après une phase d’agression venue de l’extérieur, la Russie se replie sur elle-même », conclut Masha Green.

Voici une courte vidéo montrant les fameuses créations visibles à Moscou :

Sources : The New YorkerCourrier International