Une micronation a été créée par l’ONG Greenpeace, profitant d’un vide juridique concernant les glaciers chiliens, vierges de toute souveraineté nationale. En mars 2014, la république Glacier a été proclamée dans une perspective de protection et de préservation de ces glaciers.
« Un pays menacé par des intérêts économiques, qui se dresse pour chercher la protection de ses citoyens ». Voici comment Greenpeace qualifiait la République Glacier lors de sa proclamation, rappelant également que « n’importe quelle personne dans le monde peut [en] devenir citoyen ».
Le premier événement à mettre à l’actif de la jeune micronation est un mariage de deux nouveaux citoyens de la république, célébré le 12 avril 2014 sur le glacier El Morado situé à environ 100 km de la capitale Santiago. Il s’agit de la seconde micronation créée sur le sol du Chili, la première étant le Royaume d’Araucanie et de Patagonie proclamée en 1860. La République Glacier a quant à elle vu le jour le 5 mars 2014 (la República de los Glaciares).
Greenpeace s’est appuyée sur la Convention de Montevideo sur les droits et les devoirs des États de 1933, servant entre autres à la définition d’un État souverain. Le nouvel État devra « être peuplé en permanence, contrôler un territoire défini, être doté d’un gouvernement, et être apte à entrer en relation avec les autres états », selon l’article 1 de la Convention de Montevideo (Géostratégiques N° 25, 2009).
La République Glacier a un territoire de 23 000 km², intégralement constitué de glaciers. Greenpeace compte sensibiliser sur l’importance de la réserve d’eau douce que représentent les glaciers, surtout au Chili puisque 82 % des glaciers d’Amérique Latine y sont présents.
« Le Chili est un des rares pays qui n’a pas de loi de protection des glaciers, ce qui a fait des mines la principale menace qui pèse sur eux » selon Matías Asún, directeur de Greenpeace Chili dans le journal chilien El Mercurio.
Il s’agit d’un véritable danger puisque les glaciers sont exposés à l’économie de marché avant tout. En effet, l’économie du Chili en termes d’exportation se repose principalement sur les mines de cuivre (36 % des réserves mondiales), d’argent et d’or, tandis que 30 % du total des exportations concernent le cuivre.
Greenpeace dénonce également un projet industriel peu reluisant, celui de Pascua Lama et son entreprise minière Barrick Gold. Le but étant d’exploiter une mine à ciel ouvert dans le nord du pays et ainsi récupérer l’or, l’argent et le cuivre, mais la méthode d’extraction ne plait pas à tout le monde. En effet, l’utilisation de cyanure expose l’eau des glaciers sur une surface de 5000 hectares à des risques élevés de pollution, pouvant se répercuter sur les réserves d’eau de la zone centrale du Chili.
« Lorsque l’état chilien prendra en compte cet héritage naturel, la République Glaciaire et ses citoyens rendront ces territoires », conclut Greenpeace. L’ONG abandonnera alors le territoire actuel de la République Glacier à partir du moment où le Chili s’occupera de la législation quant à la protection des glaciers.
Sources : Radio France Internationale — Les Inrocks — Terra Chile — Géostratégiques
– Illustration : Greenpeace