Chine : quand les femmes se suicident plus que les hommes

Le constat est amer : la Chine est le seul pays du monde où les femmes se suicident plus que les hommes. Alors que la Chine représente un quart des suicides dans le monde, il y aurait chaque année dans ce pays entre 25 et 40 % plus de femmes que d’hommes qui se donnent la mort.

Tout le monde sait qu’appartenir au sexe féminin en Chine, c’est l’assurance d’être discriminé dès la naissance puisque la plupart des familles désirent plus que tout avoir un garçon. Pendant des années, des mères déçues avortent clandestinement, abandonnent leur fille ou encore, leur donnent parfois même la mort.

Bien que ce statut semble évoluer petit à petit, de nombreuses familles vivant surtout en milieu rural ont maltraité leurs filles tout en considérant les garçons comme étant les favoris, les intouchables. Il se trouve qu’aujourd’hui, la Chine fait face à un sérieux problème d’effectif et l’on parle de 150 millions de femmes qui manqueraient à l’appel en trois décennies. Ceci a engendré un autre phénomène, celui de l’« importation » de femmes venues d’autres pays asiatiques comme le Vietnam pour se marier avec des hommes chinois seuls.

La Chine est le pays où les femmes se suicident plus que les hommes, une information finalement peu étonnante rapportée par le quotidien britannique The Telegraph le 20 octobre 2016. D’ailleurs, il s’agit là d’un phénomène qui touche surtout les jeunes femmes.

Selon l’OMS et la Banque Mondiale, il y aurait eu en moyenne 500 suicides de femmes par jour sur l’année 2009, soit 182 500 au total. Ainsi, en faisant un calcul rapide et en supposant que ces statistiques n’ont pas diminué, ce serait au total plus d’un million de jeunes Chinoises qui se seraient donné la mort jusqu’en 2016.

Dans le milieu rural, où la situation et le traitement des femmes est plus préoccupant qu’en ville, le taux de suicide est 4 à 5 fois plus élevé. Les femmes les plus exposées au problème sont les femmes ayant entre 15 et 34 ans habitant donc hors des grands centres urbains. Les traditions y sont plus strictes, les gens n’ont pas beaucoup d’argent et les femmes se marient généralement tôt, poussées par leur famille désirant se débarrasser d’elles puisqu’elles vivront avec la famille du mari. Les divorces y sont rares tout simplement parce que revenir chez ses parents est synonyme d’échec, mais surtout de déshonneur.

Les femmes en milieu rural sont donc sous pression et le temps ne joue pas en leur faveur puisqu’arrivées encore célibataires à la trentaine, le fait de trouver un mari sera quasi mission impossible. En effet, de lourds soupçons pèseront sur elles et l’on imaginera que ces dernières sont difficiles à vivre ou qu’elles ont un passé de prostituée.

La perception du suicide en Chine n’est d’ailleurs pas la même qu’en occident. Beaucoup plus que par chez nous, il s’agit d’un acte bien plus impulsif qui plus est assimilé à une façon comme une autre de régler ses problèmes.

Nous avons indiqué la possibilité, en l’absence de statistiques plus récentes, qu’entre 2009 et 2016, le nombre de femmes se donnant la mort pouvait stagner à près de 180 000 par an. Cependant, il est possible d’être un peu plus optimiste sur la question, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le gouvernement chinois tente désormais de réduire ce taux de suicide en prenant des mesures comme un plan quinquennal destiné à faire disparaître la distinction entre urbain et rural sur les permis de résidence. Ceci devrait donc rééquilibrer les chances d’obtenir des avantages sociaux dans ce pays où la croissance économique et sociale laisse tout de même beaucoup de gens sur le côté, et en particulier les femmes.

Notons qu’en plus, Internet est plus accessible en milieu rural qu’avant 2009, apportant information et ouverture. Enfin, les cas de conflit et de stress pouvant engendrer les suicides sont plus limités, tout simplement parce qu’en Chine, depuis quelque temps les familles sont moins nombreuses.

Sources : The Telegraph — Chine Informations