Un nouveau rapport de l’ONG internationale Human Right Watch fustige la Chine quant à son système de détention secrète dont le régime se sert pour obtenir de force des aveux auprès des suspects de corruption. Ce type de détention ne trouve aucun support dans la loi chinoise, mais s’avère être le point d’ancrage de la lutte anticorruption actuellement menée par le président chinois.
« La campagne anticorruption du président Xi repose sur un système de détention abusif et illégal. Torturer les suspects pour leur extorquer des aveux ne mettra pas fin à la corruption, mais à la confiance de l’opinion publique dans l’appareil judiciaire chinois », indique Sophie Richardson, directrice de recherche sur la Chine pour la Division Asie de Human Rights Watch, des propos relatés sur la plateforme de l’ONG.
Le fameux rapport composé de 102 pages est intitulé « Special Measures : Detention and Torture in Chinese Communist Party’s Shuanggui System », que l’on peut traduire par « Mesures spéciales : détention et actes de torture dans le système shuanggui du Parti communiste chinois ».
Celui-ci dénonce les abus dont sont victimes les personnes « traitées » par ce système de détention nommé « shuanggui ». Parmi ces dérives, il y a les passages à tabac, la privation prolongée de sommeil, de nourriture et d’eau ainsi que l’obligation d’adopter d’éprouvantes postures sur de longues durées. Les détenus sont également assujettis à l’isolement cellulaire dans des centres tenus secrets.
Le but est de leur faire avouer des agissements douteux et une fois que cela est fait, les suspects sont placés devant une justice qui les condamne souvent à de lourdes peines d’emprisonnement.
« Si vous vous asseyez, vous devez rester assis 12 heures consécutives ; si vous vous redressez, vous devez rester debout 12 heures d’affilée. Mes jambes ont enflé, mes fesses étaient à vif et du pus a commencé à en suinter », expliquait un ancien détenu dans un de ces centres secrets (voir témoignage vidéo en fin d’article).
Le rapport a été établi sur la base de 21 entretiens effectués par Human Rights Watch auprès de quatre détenus et des membres de leurs familles. Mais ce n’est pas tout, puisqu’ont été pris en compte 35 témoignages de détenus obtenus par le biais de 200 articles de médias chinois ainsi qu’une analyse de 38 jugements rendus par la justice du pays.
Le président chinois Xi Jinping désire par tous les moyens mettre fin aux agissements de corruption qui rongent le pays depuis très longtemps maintenant. Les centres de détention « shuanggui » auraient fait leur apparition en 2010. 11 morts auraient été déplorées, mais il y en a peut-être davantage.
Pour l’ONG Human Right Watch, « le système shuanggui affaiblit l’appareil judiciaire chinois » et « le tourne en dérision » à tel point qu’éradiquer « la corruption sera impossible tant qu’existera la procédure shuanggui ».
Source : Human Right Watch