En Corée du Sud, les jeunes ne veulent plus sacrifier leur vie au travail

En Corée du Sud, la norme est de tout sacrifier pour son emploi, mais cela est progressivement en train d’évoluer. Une bande dessinée et un feuilleton télévisé traitant de la relation avec le travail sont en train de connaître un fort succès.

Les Sud-Coréens font partie des plus grands travailleurs du monde avec un nombre d’heures hebdomadaires parmi les plus importants. Les journées interminables sont la norme et de grandes entreprises disposent même de dortoirs où les employés peuvent passer la nuit. De plus, travailler le week-end est loin d’être chose rare.

Cette relation au travail conjuguée à la notion de sacrifice est source de désarroi pour la jeunesse qui semble ne pas avoir été entendue lors des élections législatives du début de l’année 2016. Celle-ci désire simplement vivre sa vie, une volonté qui naît dès le collège ou le lycée puisque les jeunes sont désormais nombreux à abandonner leurs études.

Le sacrifice au travail est pourtant le secret de la spectaculaire croissance économique du pays depuis près d’un demi-siècle. Rappelons que la Corée du Sud faisait partie des quatre dragons asiatiques des années 1980 avec Taïwan, Singapour et Hong Kong.

Les nouvelles générations tolèrent cependant beaucoup moins ce train de vie basé sur le travail avec des horaires difficiles, mais également sur un quotidien marqué par une forte hiérarchie et des humiliations quotidiennes. La relation avec le travail en Corée du Sud est très différente de celle des pays occidentaux. En effet, il existe une obligation étonnante : celle de sortir le soir avec ses collègues de travail et son patron lorsque celui en exprime le souhait !

La sécurité de l’emploi n’est d’ailleurs plus garantie puisque la précarité et les risques de perte d’emploi ont beaucoup augmenté. Un sondage récent indique même que 83 % des actifs sud-coréens disent se sentir déprimés au travail. C’est un chiffre alarmant.

La culture populaire est devenue petit à petit le fer de lance de l’expression de ce désarroi à travers la télévision et la littérature. Un feuilleton baptisé Directeur Kim (voir extrait en fin d’article) diffusé sur la chaîne nationale KBS conte l’histoire d’un employé nourrissant le projet d’arnaquer son entreprise afin de fuir au Danemark et profiter de la vie. Ceci traduit une réalité montrant que beaucoup de Sud-Coréens désirent s’expatrier en Europe tout simplement parce que les conditions de travail les attirent.

Une bande dessinée intitulée C’est une allergie au travail participe également de l’érosion des traditions liées au travail. Celle-ci raconte l’histoire de jeunes employés affichant quotidiennement leur plus beau sourire, mais qui en réalité, ne pensent qu’à démissionner et à exprimer tout ce qu’ils pensent à des patrons au comportement exécrable.

Si les grandes entreprises comme Hyundai ou Samsung continuent d’attirer les jeunes diplômés en quête de hauts salaires, le nombre de jeunes refusant de tels choix de carrière est croissant. Alors que cela était auparavant mal vu, le fait de créer sa propre entreprise est désormais à la mode et marque une rupture générationnelle pouvant changer la société sud-coréenne en profondeur.

Sources : RFI – Le Monde