Les détenus américains et leurs emplois parfois surprenants

Les prisonniers détenus dans les pénitenciers américains sont souvent employés dans des dizaines de programmes différents censés contribuer à leur réinsertion dans la société. Certains de ces emplois ont une nature inattendue. Cependant, les associations de défense des droits des détenus montent au créneau et parlent de travail forcé.

En Californie, 30 % des pompiers sont des détenus, que l’on envoie à l’épreuve du feu lors des gigantesques incendies qui ravagent les forêts chaque année. Ils sont susceptibles d’effectuer d’autres travaux, comme défricher les arbres ou faire la cuisine dans les casernes. Les détenus combattant le feu en première ligne sont employés par le Département des Ressources Naturelles et perçoivent entre 70 cents et 1,60 dollar par jour, soit de 0,60 euro à 1,40 euro. De tels emplois sont effectifs partout sur le territoire américain.

L’emploi de détenus pour travailler est sujet à controverse, principalement au niveau de la sécurité et de l’utilité de ces mesures pour les prisonniers. Selon le gouvernement de l’état de Washington, les détenus ayant l’autorisation de manier des pelles et des tronçonneuses sont étroitement surveillés. Il estime également que ces programmes permettent aux prisonniers d’apprendre un travail, ce qui servira à leur réinsertion à leur retour dans la société.

Une autre question se pose, celle des conditions de travail. En effet, des associations de défense des droits des prisonniers estiment que ce genre de programme peut être comparé à du travail forcé. Un article du Courrier International de 2012 mettait en lumière le scandale du système carcéral de l’état de Louisiane. Des militants ont également porté plusieurs plaintes contre des prisons employant des détenus sous des chaleurs extrêmes, en Louisiane, en Arizona, en Georgie, dans le Wisconsin, l’Illinois, et également dans le Delaware.

Alex Friedmann, directeur de Prison Legal Network (une de ces associations de défense des droits des détenus), s’exprime pour l’article de Vice du 10 septembre 2015 :

« Les autorités pénitentiaires expliquent que les prisonniers apprennent ainsi à maîtriser certaines “compétences” — comme aller au travail tous les jours — mais ils le font sous la menace de mesures disciplinaires. Il en faut bien plus aujourd’hui pour trouver un emploi dans l’économie qui est la nôtre — spécialement pour les individus qui ont un casier judiciaire, comme tous ceux qui sortent de prison. »

Mais quel genre d’autres travaux les détenus sont-ils susceptibles d’effectuer ? Par exemple, en Floride, les détenus de l’Union Correctional Institution sont payés 50 cents pour fabriquer des bridges, dentiers et autres couronnes à l’intérieur du laboratoire dentaire de la Prison Rehabilitative Industries and Diversified Enterprises Inc (PRIDE). Ils « formeraient » environ 4000 détenus chaque année, selon un rapport de 2014.

Les détenus peuvent aussi fabriquer du matériel équipant les polices et armées des États-Unis. Par exemple, Federal Prison Industries (UNICOR) emploie des prisonniers pour concevoir des cibles pour armes à feu, des ceinturons de service, des décors servant à l’entrainement des soldats, ou encore des vestes de protection contre les armes blanches.

Il existe également des contrats pour employer des détenus pour gérer des équipements électriques, laver le linge, travailler sur des chantiers, dans des centres d’appels, et même dans l’édition de livres en braille.

Le plus « cool » de ces emplois est certainement celui de clown de rodéo de la prison Angola en Louisiane, pour son rodéo annuel, qui néanmoins fait l’objet de controverses appelant au boycott, dont les bénéfices sont destinés au Louisiana State Penitentiary Inmate Welfare Fund dont la vocation est d’offrir une éducation et des loisirs aux prisonniers.

Sources : ViceCourrier International