Aujourd’hui, plus d’une vingtaine de femmes dirigent leur pays. À une certaine époque, ce fait était tout simplement inconcevable pour la société. Malgré cela, la parité est encore aujourd’hui très lointaine. Intéressons-nous à Sirimavo Bandaranaïke, première femme à être devenue cheffe de gouvernement d’un pays, le Sri Lanka en 1960. En une quarantaine d’années, elle a occupé ce poste à trois reprises.
Une Première ministre non élue
Actuellement, pas moins de 21 cheffes d’État et de gouvernement sont en poste. Citons par exemple Angela Merkel (Allemagne), Tsai Ing-Wen (Taïwan) ou encore Jacinda Ardem (Nouvelle-Zélande), trois dirigeantes qui se sont d’ailleurs illustrées par leur gestion de la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, les femmes à la tête du pouvoir sont encore très minoritaires puisqu’il en existe seulement 21, alors que le monde compte tout de même 197 pays.
La première femme dirigeant un pays a exercé en 1960, ce qui a été une véritable révolution. Il s’agit de Sirimavo Bandaranaïke (1916-2000) au Sri Lanka (à l’époque Ceylan). Il faut toutefois savoir que son accession au pouvoir résulte d’un fait traditionnel. Sirimavo Bandaranaïke n’a donc pas été élue par la population, mais a tout simplement pris la place de son mari Solomon Bandaranaïke, Premier ministre du pays, assassiné le 26 septembre 1959 à Colombo. Effectivement, la tradition du pays veut qu’en cas de décès du dirigeant, sa femme prenne sa place. Évoquons au passage que les élections législatives suivant cette accession au pouvoir ont vu la victoire du Sri Lanka Freedom Party, justement soutenu par la veuve.
Elle proclame la République du Sri Lanka
Sirimavo Bandaranaïke a gouverné une première fois de 1960 à 1965, puis une seconde fois entre 1970 et 1977. En 1972, elle a fait proclamer la République par le Parlement et a rebaptisé le pays Sri Lanka. Rappelons que cet état fut colonisé par le Royaume-Uni entre 1796 et 1948 avant de devenir un dominion du Commonwealth. Après la proclamation de la république, la Première ministre a remplacé l’anglais par le singhalais en tant que langue officielle.
En 1973, la crise pétrolière a grandement impacté le Sri Lanka. Par ailleurs, à cette période, des soupçons de corruption ont pesé sur Sirimavo Bandaranaïke dont la popularité a chuté dès 1976. Après son second mandat ministériel, elle a été accusée d’abus de pouvoir par le Parlement en 1980. En conséquence, l’ancienne cheffe du gouvernement s’est vue interdire toute fonction officielle durant sept ans. Toutefois, ses droits civiques ont été restaurés en 1986.
Dès 1988, Sirimavo Bandaranaïke a fait son retour sur la scène politique en se présentant à l’élection présidentielle, mais a subi une défaite. Elle a tout de même assumé une troisième fois la fonction de Première ministre de 1994 à 2000, mais est décédée suite à une crise cardiaque à l’âge de 84 ans, deux mois après avoir mis prématurément fin à son mandat.