En réalité, le karōshi (mort subite de travailleurs) est un phénomène mondial

employée bureau
Crédits : violet-blue / iStock

Le terme karōshi est relatif à un phénomène reconnu comme maladie professionnelle au Japon. Il s’agit de la mort subite de travailleurs par arrêt cardiaque ou suicide à la suite d’un surmenage au travail. Toutefois, une récente étude affirme que ce phénomène est international et ne concerne plus seulement le Japon.

Un karōshi international

En 2017, nous évoquions le karōshi en posant la question suivante : « Pourquoi les Japonais se tuent-ils littéralement au travail ? » Il faut dire qu’au Japon, un travailleur sur cinq s’expose à ce phénomène faisant plusieurs milliers de victimes chaque année. Signifiant « mort par dépassement du travail », le karōshi implique le décès brusque – souvent d’un employé de bureau ou d’un cadre – par AVC, arrêt cardiaque ou suicide à la suite d’un surmenage, d’une surcharge de travail et/ou d’un stress trop important.

Au Japon, on considère depuis les années 1970 que le karōshi est une maladie professionnelle. Néanmoins, il ne s’agirait pas d’une spécificité nippone si l’on en croit une étude parue dans la revue Environment International le 17 mai 2021 qui a été menée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Selon les chiffres qu’avance l’étude, pas moins de 745 000 personnes ont perdu la vie en 2016 dans le monde suite à de longues heures de travail ayant engendré un AVC ou une cardiopathie ischémique. Il s’agit là d’une hausse de 29 % par rapport à l’an 2000.

employée bureau
Crédits : fizkes / iStock

La crise sanitaire accentue le phénomène

Les travaux de l’OMS affirment également qu’avec la pandémie mondiale de Covid-19, la tendance s’accélère. Le nombre de personnes travaillant plus de 55 heures par semaine est en augmentation et représente aujourd’hui environ 9 % de la population mondiale. En cause nous retrouvons le télétravail qui rend floue la frontière entre le travail et le domicile. Citons également les sociétés dont une partie du personnel a interrompu son travail, ce qui a eu pour effet d’augmenter la charge sur les autres salariés.

Maria Neira est directrice du département Environnement, changements climatiques et santé à l’OMS. Dans un communiqué, elle affirme que travailler 55 heures ou plus chaque semaine est synonyme de danger pour la santé. En dépassant cette limite, le risque de développer un AVC est augmenté de 35%. Il s’élève à 17% supplémentaires pour la cardiopathie ischémique.

Au Japon, la situation continue d’empirer. Dans ce pays, 40 % des salariés sont concernés par le surmenage. De plus, 12 % des sociétés nippones avouent que de nombreux salariés dépassent régulièrement les 100 heures supplémentaires dans le mois. En 2019, le gouvernement a adopté une loi visant à interdire le franchissement de cette limite d’heures supplémentaires. Néanmoins, rien n’indique pour l’instant que cette mesure est réellement appliquée.