Un travailleur actif sur cinq est exposé à ce qu’on appelle le Karoshi, signifiant « mort par excès de travail ». Ce phénomène fait des milliers de victimes chaque année et freine la croissance du pays. Le débat autour de cette question a été relancé après le récent suicide d’une jeune femme de 24 ans.
« Je n’ai plus d’émotions. Je veux seulement dormir. »
« Je suis encore sur le pont samedi et dimanche. Je veux juste mourir. »
« Mais que restera-t-il si je réussis à surmonter ces journées si stressantes et mes pensées de mort. »
Telles ont été les déclarations de Matsuri Takahashi sur sa propre page Facebook avant de se donner la mort en décembre 2015. Ces appels à l’aide ont commencé quelques mois avant son décès alors qu’elle avait débuté son travail à la prestigieuse agence de publicité Dentsu, située à Tokyo.
Manque de sommeil, charge de travail excessive, mépris de la part de ses supérieurs, il n’en fallait pas plus pour que la jeune femme pense à se donner la mort. Une centaine d’heures supplémentaires dans le mois précédent la mort de Matsuri Takahashi avaient été déclarées en plus des 40 heures hebdomadaires prévues dans son contrat de base.
Le Karoshi fait des ravages au Japon, surtout depuis le début des années 2000, si bien que cette appellation fut associée à ce phénomène, preuve de l’augmentation de son intensité. Selon un article du journal Le Figaro, un rapport établi entre décembre 2015 et janvier 2016 puis remis au Premier ministre Shinzo Abe estime qu’un travailleur sur cinq risque la mort au travail. Durant l’année fiscale 2015, 96 travailleurs sont décédés d’un accident cardiaque ou cérébral au Japon et 93 suicides ou tentatives de suicide ont été déplorés par l’inspection du travail. Selon la police, 2159 suicides auraient été motivés par un stress professionnel.
Les chiffres sont d’ailleurs très parlants : 40 % des salariés sont touchés par le surmenage et 12 % des sociétés nippones avouent que de nombreux salariés dépassent régulièrement les 100 heures supplémentaires dans le mois, un ratio porté à 20 % lorsqu’il s’agit d’atteindre les 80 heures supplémentaires mensuelles.
Le surmenage au Japon est un réel problème et la prise de congés est source de culpabilité (2 semaines par an). De plus, les journées interminables sont également dues à la culture d’entreprise nippone qui implique de passer du temps avec ses collègues même après le travail.
Sources : Le Figaro – Les Echos