Récemment, une mort sur un chantier naval en Pologne a fait débat. L’homme était un soudeur nord-coréen. Il semblerait que plusieurs d’entre eux soient envoyés dans toute l’Europe par le régime du dictateur Kim-Jong Un. Cette information relance plusieurs débats : l’esclavage n’est-il pas aboli en Europe ? Que viennent-ils faire ici ? Comment sont-ils arrivés ? Récit.
En réalité, la mort de ces travailleurs nord-coréens n’est pas extraordinaire. Beaucoup d’esclaves modernes sont envoyés par le régime à travers toute l’Europe. L’ONG Alliance européenne pour les droits de l’Homme en Corée du Nord (EAHRNK) affirme dans un rapport que la Corée du Nord aurait envoyé plusieurs milliers de civils afin de les faire travailler. Arte parle de 50 000 travailleurs envoyés jusqu’à présent. Ils travaillent environ 10 à 12h par jours et ce 6 jours par semaines… Le contrôle est toujours présent malgré les frontières. Le régime de Kim-Jong Un s’y prend en n’envoyant que des hommes mariés qui ont de la famille, ce qui permet de faire pression sur l’expatrié en menaçant sa famille.
Même si la majeure partie de ces esclaves modernes se trouvent en Europe centrale, en Russie et en Chine, il n’est pas rare d’en croiser dans des pays beaucoup plus proches de nous : Italie, Allemagne, Pays-Bas, Autriche. Certains d’entre-eux seraient également employés au Moyen-Orient et notamment sur le chantier du Qatar pour le mondial de foot de 2022.
Le régime en tire beaucoup. Tout d’abord, il est financé en partie par ces travailleurs qui reversent entre 80 à 90% de leur salaire. De plus, Pyongyang récupère des devises qui sont fortes sur le marché international ce qui permet de compenser les sanctions des Nations Unies à son égard. Étant donné les salaires pratiqués dans le monde, les pays d’Europe sont assez privilégiés. Ces esclaves modernes rapporteraient ainsi entre 1,2 et 2,3 milliards de dollars par an au régime de Kim Jong-Un. Récemment, le débat a été rendu public avec la conférence du Leiden Asia Centre, aux Pays-Bas, mais il semblerait bien qu’il n’y ait pas d’évolution.
Sources : Arte, LesÉchos