Dirigé depuis 1992 par Emomali Rahmon, le Tadjikistan dispose d’un régime où les violations des droits de l’Homme et des libertés sont courantes. Arrestation d’opposants politiques, restriction à la liberté d’expression, soumission de la population, ou encore corruption organisée, le pays d’Asie centrale ne cesse d’accentuer sa politique répressive.
Le Tadjikistan est un pays où le pouvoir se concentre depuis 31 ans entre les mains d’un seul homme : Emomali Rahmon. Et ce dernier met en place un régime hérité des caractéristiques de l’ère soviétique, soit une omniprésence idéologique de l’Etat associé à un fort culte de la personnalité du dirigeant. Emomali Rahmon, qui est de loin le plus ancien président en exercice d’Asie centrale, fait régner un climat brutal en matière de droits humains au Tadjikistan. Un régime répressif qui s’est encore aggravé ces 8 dernières années.
Un titre de « Fondateur de la paix et de l’unité nationale, leader de la nation »
En 2015, cet apparatchik issu des rangs du Parti communiste s’est vu accordé le titre de « Fondateur de la paix et de l’unité nationale, leader de la nation », lui permettant de museler toutes les voies dissidentes. Le gouvernement a dans la foulée interdit le dernier parti d’opposition toléré dans le pays par exemple.
Depuis, des dizaines de militants politiques, d’avocats et de journalistes indépendants sont condamnés chaque année à de longues peines de prison, à l’issue de procès inéquitables, effectués à huis clos et entachés d’accusations de torture. La torture est effectivement généralisée en détention, et peu d’enquêtes permettent de désigner des responsables.
« Les cas de torture et d’autres mauvais traitements signalés aux autorités restent rares. En mars 2021, le service d’assistance juridique de l’ONG Coalition contre la torture avait indiqué disposer d’éléments concernant au moins 38 cas de torture ou d’autres mauvais traitements survenus en 2020, précisant que ce chiffre ne reflétait qu’une petite partie de la réalité », indique dans un rapport Amnesty International.
Une violation des droits de l’Homme
Beaucoup d’opposants n’ont aujourd’hui d’autre choix que de quitter le pays. Mais ils ne trouvent pas la sécurité pour autant, puisque les services de sécurité tadjiks abusent des demandes d’extraditions adressées par INTERPOL (organisation internationale de police) pour amener les gouvernements à leur livrer les opposants politiques se trouvant dans leurs frontières.
S’il dénigre la liberté d’expression, le régime viole également d’autres droits de l’Homme, comme le droit à la santé, l’égalité femme-homme, le soutien et l’accès à la justice des personnes victimes de violences domestiques, la reconnaissance des droits LGBTQ+. Les personnes victimes de violences ont aussi beaucoup de difficultés à obtenir un soutien, une protection ou encore un accès à la justice.
Le pouvoir est également centralisé, puisque les postes gouvernementaux importants sont majoritairement occupés par des membres de la famille Rahmon. Le président et son entourage contrôlent aussi les principales entreprises du pays, et la plus grande banque.
Le Tadjikistan, Etat le plus pauvre de la région, voit en outre son économie entravée par la corruption qui accroît les inégalités de revenus et empêche les entreprises locales de se développer.