Jeudi 12 janvier dernier, la section de recherche (SR) de Rouen à démantelé à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime), la « plus grande fabrique de cigarettes de contrefaçon en activité en France ». 100 tonnes de produits estimés à 14 millions d’euros y étaient stockées. Neuf personnes ont été arrêtées par les gendarmes.
55 tonnes de tabac manufacturé, 50 tonnes d’étiquettes, de papiers, de filtres et autres emballages servant à concevoir des paquets, 18 tonnes de tabac et de déchets de cigarettes. Voici la quantité folle de produits de tabac de contrefaçon qui aété saisie par la Section de recherches de Rouen à Saint-Aubin-lès-Elbeuf jeudi 12 janvier 2023. « Il s’agit, à ce jour, de la plus grande fabrique de cigarettes de contrefaçon en activité découverte en France », indique la SR.
Une usine de fabrication de cigarettes en Seine-Maritime
Plus précisément, l’usine de fabrication de cartouches de cigarettes a été démantelée dans la zone industrielle (ZI) de cette commune de Seine-Maritime. Selon les gendarmes, le prix de revente du tabac contrefait découvert « est estimé à 13 750 000 euros », et « neuf individus, tous de nationalité étrangère » ont été arrêtés et placés en garde à vue. Ils ont entre 21 et 55 ans, et sont Moldaves pour la plupart.
Deux jours plus tard, les neufs personnes mises en cause dans ce trafic ont été convoquées au palais de justice de Paris, en vue de l’ouverture d’une information judiciaire.
Maire de Saint-Aubin-lès-Elbeuf depuis 1995, Karine Bendjaraba-Blais n’en croit pas ses yeux. « Jamais je ne me serais imaginée qu’il puisse y avoir quoi que ce soit de cette nature sur le territoire. C’est une commune de 8 000 habitants plutôt tranquille. Il y a des accidents de la circulation comme un peu partout. Mais ce n’est pas un territoire où il y a des histoires dingues », explique l’élue.
Un trafic bien organisés
C’est à 18 heures, et alors que deux ensembles routiers de 38 tonnes venaient d’arriver sur place, que la Section de recherches de Rouen a découvert une fabrique pensée en trois zones d’activité et une zone de vie avec « un dortoir équipé d’une quinzaine de couchages, d’un coin cuisine, d’un repas et d’un coin détente », détaille la SR. Cette dernière a aussi découvert sur les lieux un groupe électrogène.
D’après les autorités, la salle de « production » se divisait en trois espaces. Les trafiquants avaient tout d’abord délimité une zone pour « confectionner les cigarettes à partir de tabac brut ». Une deuxième zone était dédiée « au conditionnement en paquets, puis en cartouches filmées de cigarettes contrefaites, au nom d’un fabricant bien connu du marché ». Enfin, le troisième espace servait au stockage des produits « manufacturés, conditionnés en carton sur des palettes filmées et prêts à partir, ainsi que des déchets issus de la production de tabac ».
L’enquête a débuté en fin d’année 2022, après qu’Europol ait informé la Section de recherches de Rouen d’un possible trafic international de cigarettes de contrebande dans un entrepôt de la ZI normande. Suite à des premières investigations, les gendarmes ont repéré des rotations de camions chargés de palettes volumineuses.
Les enquêteurs ont ensuite observé une intensification de l’activité sur le site début janvier 2023, poussant les gendarmes de la SR à ouvrir une enquête préliminaire. Puis ils sont intervenus avec l’aide de l’escadron de gendarmerie mobile de Mont-Saint-Aignan, des gendarmes du Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie de Penly, du groupement de gendarmerie départementale de Seine-Maritime, du Groupe d’observation surveillance de Rouen et de la section d’appui judiciaire de la région de gendarmerie de Normandie. Pas moins de 60 forces de l’ordre ont ainsi été déployées.
Des tonnes de produits retrouvées
« Après inventaire, l’ensemble des produits saisis est immédiatement détruit ainsi que les machines servant à la production », précisent les autorités. Ces derniers ont également saisi deux ensembles routiers de 38 tonnes (un tracteur et une semi-remorque), un fourgon, un véhicule break, des transpalettes, divers outillages et des appareils électroménagers. La Section de recherche de Rouen a par ailleurs donné à la banque alimentaire la tonne de nourriture trouvée sur place.
C’est la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO) de Paris qui va juger ce trafic d’ampleur, en lieu et place du parquet de Rouen. En plus de la SR de Rouen, la JUNALCO collabore avec le Groupe interministériel de recherches (GIR) de Rouen, le Service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF) et l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI).