Les trentenaires et plus s’en souviennent : jusque dans les années 1980, les bouteilles en verre étaient consignées, une action qui était ancrée dans les mœurs des citoyens, ayant de nombreux avantages économiques et écologiques.
Auparavant, lorsque l’on terminait une bouteille en verre dans notre pays, le comportement en vigueur était de systématiquement rapporter cette dernière au vendeur, et ce lors de l’achat d’une même bouteille neuve et remplie. Ces bouteilles ne se jetaient donc pas et valaient le prix d’une consigne, tandis qu’elles étaient lavées puis remises en circulations par les fabricants.
Aujourd’hui et depuis plus de 30 ans, la même bouteille est collectée via des containers placés dans les rues. Cette dernière est ensuite broyée, enfournée à 1500°C, et le résultat atterrit ensuite dans un moule qui donne…une nouvelle bouteille en verre !
Cette incroyable évolution d’une pratique pourtant saine, car viable économiquement et écologiquement, trouve ses raisons avec l’apparition, dés les années 1960, de l’automatisation de la production industrielle et l’apparition du jetable (plastiques), selon un article paru dans le magazine Terra Eco en 2014.
« C’est plus sûr : non consignée, la bouteille ne sert que pour vous, elle ne sert qu’une fois ; vide, on la jette, elle ne revient pas. » déclarait un producteur d’huile en 1963, vantant les mérites (apparemment hygiéniques) de la bouteille non-réutilisable.
Si à l’époque, les questions environnementales en étaient à leurs balbutiements (et c’est beaucoup dire), le déclin de la consigne est intervenu dans les années 1980 tandis que le coup de grâce est arrivé en 1992 avec ce que l’on appelle le principe de Responsabilité élargie du producteur (REP). Cette mesure préconisée par l’OCDE concernait les entreprises et leur nouvelle participation à la gestion des déchets générés par les produits qu’elles ont fabriqués ou commercialisés.
Cycles de vie d’une bouteille consignée (en bleu) et d’une bouteille recyclée (en vert). Source : Deroche Consultants, 2009Que les nostalgiques se rassurent, la consigne est bel et bien de retour, bien qu’elle n’ait jamais complètement disparu, mais victime de marginalisation. Son renouveau est le fruit de diverses collaborations entre des industriels et des collectivités. Pour l’instant, des expérimentations sont menées ci et là, pour une application future à l’échelon national sous l’égide du Réseau Consigne.
Ces phases de test se trouvent par exemple dans le Var, dans le Jura ou encore dans les Hauts-de-Seine, tandis qu’une station de lavage vient d’être inaugurée à Paris. Pour l’instant, quelques fabricants de bière artisanale ainsi que des traiteurs et restaurateurs participent à ces opérations.
Voici une sympathique vidéo élaborée par la Fondation Nicolas Hulot, expliquant les avantages de la consigne des bouteilles en verre :
Sources : Ouest France – PositivR – Terra Eco