Devenir un « professionnel des files d’attente », est-ce un métier d’avenir ? Visiblement, certaines personnes ayant les moyens sont prêtes à payer cher pour que d’autres fassent la queue à leur place devant les magasins. Selon une sociologue, cette pratique qui semble entrer dans les mœurs est liée avec les inégalités socio-économiques.
Louer les services d’un professionnel des files d’attente
Faire la queue devant un magasin pour obtenir le dernier smartphone à la mode, un vêtement en série limitée ou des billets pour un événement est très commun. Toutefois, cela peut prendre des heures, voire des jours entiers. En parallèle, notre société de consommation a généré de nombreux nouveaux emplois et certains surprennent plus que d’autres. Devenir un professionnel des files d’attente vous tente-t-il ?
Dans un article du 5 mai 2022, le quotidien britannique The Guardian raconte l’histoire de Robert Samuel, un homme de 40 ans originaire de Brooklyn, New York. Il y a neuf ans, il a quitté son emploi de vendeur de smartphones pour se consacrer aux files d’attente. Ainsi, les personnes qui peuvent se le permettre financièrement peuvent louer ses services pour qu’il attende à leur place. Il peut donc patienter durant des heures ou des jours assis ou debout dans la chaleur ou dans le froid. Parfois, il installe toutefois une tente afin de se mettre à l’abri des intempéries. Par ailleurs, en fonction de la demande du client, Robert Samuel lui cède finalement sa place ou achète pour lui l’article désiré.
Un lien étroit avec les inégalités socio-économiques
Robert Samuel assure cet emploi, car il estime que le jeu en vaut la chandelle. Il s’agit d’une offre qui visiblement ne se refuse pas. Pourtant, les conditions de travail sont assez souvent difficilement supportables. Un jour, la température extérieure était de 0°C, si bien que la tente de l’homme était gelée.
The Guardian a interrogé Sarah Damaske, professeure de sociologie et spécialiste de l’histoire du travail à l’Université d’État de Pennsylvanie (États-Unis). L’experte confirme que ce phénomène est en lien étroit avec les inégalités socio-économiques. Alors que ces inégalités atteignent des sommets, sous-traiter certaines tâches personnelles parfois étonnantes est de plus en plus possible et commun.
« Lorsque le salaire minimum stagne depuis aussi longtemps, il devient alors concevable pour quelqu’un qui se trouve à une extrémité [du système] d’acheter la force de travail de quelqu’un qui se trouve à l’autre extrémité », a expliqué Sarah Damaske.