Le concept de cafĂ© interdisant tout bruit ou parole rencontre un certain succès au Japon depuis quelques annĂ©es. Ces cafĂ©s ont mis en place des règles spĂ©ciales et mĂŞme un genre d’happy hours pas comme les autres.
Des cafés japonnais trop bruyants ?
Les japonnais à la recherche de calme fuient de plus en plus les grandes chaines de café très fréquentées comme Starbucks Coffee ou Excelsior Cafe. La mode est au café traditionnel, mais certains, comme le Keshipearl situé à Kobe depuis trois ans, ont vu leur clientèle augmenter rapidement, et le volume sonore avec.
« Le café était devenu moins relaxant pour les clients réguliers venus profiter d’un moment de calme », explique Tatsuya Nishiyama, gérant du café Keshipearl.
Le cafĂ© Keshipearl a trouvĂ© une parade originale pour garder ses clients les plus calmes : la pĂ©riode shizu, traduit par « tranquille », mise en place de 20 h Ă 22 h chaque vendredi et samedi soir. Un genre d’happy hours pour les personnes en recherche de calme, puisque la règle est justement de ne pas avoir de conversations. Ainsi, les commandes sont passĂ©es Ă voix basse, et le silence des mots laisse place au tic-tac de l’horloge, Ă la musique de fond, ou encore au broyage des grains de cafĂ©.
« Je viens ici pour avoir du temps pour moi, je me sens bien, car ici personne ne me presse », indique Reiko Hasegawa, employée dans un hôpital de la préfecture de Hyogo.
« Je peux ainsi sortir de ma vie trépidante pendant un certain temps. Je viens ici quand je suis stressé » affirme une seconde cliente, habituée à venir au Keshipearl depuis deux ans.
Ce genre de « période tranquille » attire principalement les personnes seules à raison de 90 %, le reste représentant des groupes d’amis appréciant prendre un café en silence. 70 % des clients sont des femmes âgées de 20 à 40 ans et restent en moyenne entre 1 h 30 et 2 h, et ce généralement pour lire un livre.
Se parler par Ă©crit ou obligation de venir seul
Il existe d’autres genres de café tentant de cultiver une clientèle silencieuse, par exemple le café R-za Dokushokan situé dans l’arrondissement de Suginami à Tokyo. Dans cet établissement, il est interdit de parler durant la journée, mais pas de communiquer. Ainsi, les clients sont encouragés à se parler par écrit uniquement, en utilisant des « carnets de conversation » mis à leur disposition. Sur ces supports, on peut lire : « Allons-y », « Je dois aller aux toilettes avant de partir », par exemple.
« C’est comme si vous étiez en train de lire un livre dans la forêt », affirme le gérant du café Taiki Watanabe.
Le café R-za Dokushokan se veut zen avec ses étagères aux 1000 livres, son aquarium, ses meubles anciens et ses multiples plantations. Cependant, le café Kekkojin Milk Hall situé à Sendagi à Tokyo va beaucoup plus loin. En effet, il est interdit d’avoir une conversation, mais surtout, on interdit l’entrée aux groupes, impliquant pour les clients l’obligation de venir seul.
« C’est un endroit pour les gens qui veulent être seuls et ceux qui ne se voient pas aller dans une chaîne de café », a déclaré le propriétaire du lieu.
Dans cet établissement, le premier café est à 800 yens, plus que dans les chaines, mais les suivants tombent à 200 yens, sensiblement moins cher que dans les chaines. Cette mesure encourage les clients à rester plus longtemps, et permet de cultiver une clientèle de personnes seules à la recherche de calme.
Sources : Nippon Connection — Asia Nikkei Review