Les réseaux sociaux ont été extrêmement actifs en réaction à la tuerie survenue dans les locaux de Charlie Hebdo ce mercredi 7 janvier 2015. Une carte du monde informe sur le trafic de cette journée autour de la phrase « Je Suis Charlie ». Comment s’est diffusée cette phrase à travers le monde et quelles ont été les diverses réactions au drame ?
La carte a été éditée par S.Rogers sur Carto DB, une application permettant de créer des cartes dynamiques à l’aide de la géolocalisation. Le support montre minute par minute l’origine des messages relayant le mot-clé hashtag #JeSuisCharlie entre 13h et 20h ce 7 janvier 2015.
Cette carte montre l’ampleur des réactions et la façon dont l’information a été relayée sur les réseaux sociaux, après la tuerie au siège du journal satirique en fin de matinée faisant douze victimes, abattues par deux forcenés armés de fusils d’assaut. Parmi elles, les huit rédacteurs et dessinateurs Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, Bernard Maris, Honore et Elsa Cayat, ainsi que Mustapha Ourrad. Les quatre autres victimes sont deux policiers, Franck Brinsolaro et Ahmed Merabet, un agent d’entretien (Frédéric Boisseau) ainsi que Michel Renaud, ancien directeur de cabinet du maire de Clermont-Ferrand, alors invité par la rédaction de Charlie Hebdo.
À l’appel des mairies, des associations et des cultes religieux, des marches silencieuses ont eu lieu en fin d’après-midi (18h). Le phénomène a émergé dans 150 villes de France, rassemblant environ 100 000 personnes. Ainsi, 35.000 participants se sont recueillis à Paris autour du slogan « Je suis Charlie ». En province, Rennes a réuni 15 000 participants alors que 7000 personnes étaient à Marseille, ou encore 5000 à Grenoble, Nantes et Bordeaux. D’autres rassemblements devront avoir lieu ce dimanche 11 janvier 2015.
« Je Suis Charlie » est devenu le slogan de solidarité émanant d’anonymes, de célébrités, de journalistes, de dessinateurs, de politiques, et de gens de toutes nationalités. La phrase gagne les unes des journaux, mais également les panneaux d’affichage de certaines villes, alors que sur internet, elle prend la place des photos de profil des réseaux sociaux tout en étant fortement relayée via le Hashtag. La phrase a été utilisée 619 000 fois sur Twitter avant 20h et 250 000 personnes l’ont repris sur Facebook.
La carte dynamique permet de comprendre comment l’information sur le massacre s’est diffusée. Elle montre qu’à partir de 13h (heure de Paris), les premiers messages utilisant le hashtag « JeSuisCharlie » viennent de France bien sûr, mais également du Royaume-Uni, de Suisse et du Danemark. Dans la première heure, les États-Unis, le Liban et le Brésil se manifestent timidement tandis que l’Europe occidentale est petit à petit couverte. La France est alors déjà saturée. Il est 14h lorsque des messages sont localisés en Afrique (Kenya), aux Caraïbes, en Thaïlande ainsi qu’à Montréal, Canada. Les États-Unis sont très actifs après 14h et ce sera jusqu’à 20h le pays qui réagira le plus hors Europe. Un des premiers messages venant de Russie intervient à 14h50, d’Australie à 14h35. À 18h, l’Europe est « saturée » par les flux de messages jusqu’en Pologne alors qu’en Grèce et en Turquie, le trafic est fort également. L’Amérique du Sud, le sous-continent indien et l’Asie du Sud-Est ont été assez actifs alors que l’on note un « désintérêt » du Japon et de la Russie qui se trouvent alors en pleine nuit.
La tuerie dans les locaux de Charlie Hebdo a donc dépassé les frontières de l’hexagone puisque de nombreuses manifestations de solidarité se sont déroulées à travers le monde, rassemblant locaux et Français expatriés. Le soutien est venu de Sydney, Londres, New York, San Francisco, Washington, Berlin, Bucarest, Pristina, Turin, Rio de Janeiro, Montréal ou encore de Belgique selon la RTBF.
« JeSuisCharlie » a été décliné dans plusieurs langues, ainsi on trouve « I am Charlie », « Yo soy Charlie » ou encore « Ich bin Charlie ». Un fichier imprimable est disponible sur le site de Charlie Hebdo et reprend la phrase dans d’autres langues.
Slogan « Je suis Charlie » en français (WikiMedia) et en chinois (Chine Informations).
« J’ai fait cette image parce que je n’ai pas de mots ».
Joachim Roncin, directeur artistique et journaliste musical pour le magazine Stylist, est la première personne à avoir diffusé cette phrase par le biais du sobre logo blanc sur fond noir, moins d’une heure après la fusillade. Joachim Roncin a été identifié par le quotidien lyonnais Le Progres.
Il existe une variante : « Nous sommes tous Charlie ». Elle est utilisée par certains groupes, à l’image de la Société des journalistes français, rassemblant les rédactions des principaux médias nationaux français et de Reporters sans frontières.
La rédaction du groupe Encelade dont CitizenPost fait partie est évidemment touchée par la tragédie et appelle au respect de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et à la lucidité face à toute récupération politique.
Sources : Le Parisien — Le Monde — HuffingtonPost — Le Progres — Le Nouvel Observateur — RTBF — CharlieHebdo.fr — CartoDB