Toujours plus proche de la limite, la Russie vient de voter une loi extrêmement controversée, dans le but de réduire le nombre de décès causés par les accidents de la route. Une loi qui interdit notamment aux transsexuels ou encore aux travestis de conduire.
En début de semaine dernière, en Russie, une loi répressive est entrée en vigueur déclenchant l’indignation des défenseurs des Droits de l’Homme. Pour réduire le nombre de décès causés par les accidents de la route, elle interdit désormais la conduite aux personnes présentant des « troubles mentaux et troubles du comportement, dont ceux liés à l’identité de genre et aux préférences sexuelles ». Le texte de loi inclut une liste mentionnant tous les « troubles » visés. Ainsi, cette loi interdit la conduite aux pédophiles, mais aussi aux transsexuels, travestis, fétichistes, exhibitionnistes, voyeurs, cleptomanes ou encore aux sadomasochistes. Malaise.
« Atteinte aux droits des citoyens »
Cette loi suscite de vives réactions au sein même du Kremlin. C’est le cas pour Yelena Masuyk, journaliste et membre du conseil des Droits de l’Homme au Kremlin. Elle a déclaré sur son blog « Je ne comprends pas pourquoi, par exemple, les gens fétichistes, les cleptomanes et les transsexuel(le)s ne peuvent conduire une voiture. Il me semble que c’est une atteinte aux droits des citoyens russes.«
Indignation aussi du côté de l’Association des avocats russes pour les Droits de l’Homme, qui voit en cette loi une « invasion progressive par les autorités du domaine de la vie privée« . Dans un communiqué, l’association estime que cette loi « contredit de façon flagrante les lois internationales et russes« .
Il s’agit là d’une nouvelle prise de position très obscure de la Russie après qu’en 2013, Vladimir Poutine a fait voter une loi interdisant « toute propagande pour des relations sexuelles non-traditionnelles devant mineur« , comprenez « propagande homosexuelle ». Une loi qui avait été qualifiée « d’erreur historique » par Nikolaï Alexeïev, porte-parole de la communauté homosexuelle de Russie, qui avait alors promis de contester la loi devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Rappelons aussi que jusqu’en 1993, l’homosexualité était considérée comme un crime en Russie, et comme une maladie mentale jusqu’en 1999. Les manifestations de type « Gay Pride » y sont d’ailleurs toujours interdites.