Ce classement effectué par Reporters Sans Frontières rend chaque année compte de l’état de la liberté de la presse et de la liberté d’expression en général. Pour l’année 2014, l’accent est principalement mis, suivant les pays, sur l’impact négatif des conflits mettant en péril la liberté de l’information et ses acteurs.
« Il y a eu une détérioration globale, liée à des facteurs très différents, avec l’existence de guerres de l’information, l’action de groupes non étatiques qui se comportent en despotes de l’information », selon le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.
La nouvelle édition du classement mondial de la liberté de la presse souligne (encore) la nuisance des conflits, mais intègre une augmentation des menaces d’acteurs non étatiques et de violences lors de manifestations. L’année 2014 est synonyme de régression pour la liberté de l’information, et ce sur les cinq continents. Et pour cause, les deux tiers des pays figurants dans le classement affichent des scores moins élevés que la précédente édition. La zone Europe-Balkans reste néanmoins la région la plus libre concernant la presse.
Le classement 2015 révèle son lot de surprises. Par exemple, la plus forte chute est à mettre à l’actif de la Principauté d’Andorre, ayant perdu 27 places (32e). Il s’agirait ici d’un manque d’indépendance des médias concernant les pouvoirs économiques, politiques et religieux, sur fond de conflits d’intérêts. La non-présence de juridiction protectrice de l’information et la difficulté des journalistes à couvrir l’actualité des banques de la principauté justifient une telle chute. Le Timor-Oriental (103e, -26) et le Congo-Brazzaville (107e, -25) chutent sévèrement. Proposition d’une loi répressive contre les médias pour le premier et expulsions et exils de journalistes critiques par le gouvernement pour le deuxième. Le Venezuela (137e, -20) n’est pas en reste : l’armée bolivarienne tire sur les journalistes pendant les manifestations. Les milices qui se partagent la Libye (154e, -17) sont responsables de 7 meurtres et 37 enlèvements de journalistes en 2014.
Le trio de tête est incarné par la Finlande (première depuis 5 ans), les Pays-Bas et le Danemark. A l’inverse, les trois derniers de ce classement sont, tout comme 2013 et 2014, représentés par le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Érythrée, où la liberté de la presse n’est pas respectée, constituant un véritable enfer pour les journalistes.
Parmi les hausses au classement, la Mongolie (54e, +34) prouve un assouplissement du traitement des journalistes et de l’accès à l’information. Les îles Tonga (44e, +19) ont depuis leurs premières élections en 2010, vu l’affirmation d’une presse indépendante solide. La sortie de crise politique et sociale de la Côte d’Ivoire (86e, +15) se confirme, bien que l’année 2015 sera synonyme de libéralisation de l’audiovisuel dans ce pays, suscitant la crainte d’une potentielle censure institutionnelle. Le Népal (105e, +15) s’améliore en réduisant considérablement les violences de la police commises sur les journalistes.
Des tendances se confirment néanmoins, comme par exemple les États-Unis (49e, -3) qui continuent leur régression causée par les pressions exercées sur James Risen, journaliste du New York Times. L’édition précédente du classement avait vu les États-Unis perdre 13 places pour une année 2013 marquée par la condamnation du soldat Bradley Manning et la traque de l’analyste de la NSA Edward Snowden. Les États-Unis semblent sombrer dans un sécuritarisme national virulent à l’égard des « lanceurs d’alertes » susceptibles d’informer le grand public. L’Irak et le Nigeria sont pour leur part 156e et 111e, classement justifié par la fuite des journalistes causée par les exactions de l’État Islamique et de Boko Haram.
La France pointe à la 38e place (+1). Cependant, le classement ne prend pas en compte les attaques du 7 janvier 2015 contre la rédaction de l’hebdomadaire Charlie Hebdo.
Sources : Reporter Sans Frontières — HuffingtonPost