Le rapport d’une ONG environnementale fait un constat quant aux mégots de cigarettes usagés, par le biais d’une collecte internationale de déchets réunissant plusieurs pays du globe. Entre alternatives de recyclage et méthodes répressives, le mégot de cigarette suscite attention et inquiétude.
CitizenPost publiait ce 28 février 2015 un article relatant l’histoire d’un Singapourien ayant été sanctionné dans son pays d’une amende de 12 800 euros environ et de travaux d’intérêt général (nettoyage) durant 5 jours. Son délit : avoir jeté 34 mégots de cigarette depuis la fenêtre de son appartement.
On estime le nombre de fumeurs à près d’un milliard sur notre planète, un chiffre affolant tandis qu’il serait la conséquence de la banalisation du tabac dans des pays très peuplés comme la Chine, l’Inde, la Russie et le Bangladesh.
La majeure partie des mégots de cigarettes qui finissent sur les plages et les océans est issue des villes, qu’ils soient volontairement abandonnés par les fumeurs ou assidument jetés à la poubelle. Ils sont notamment exposés au vent et atterrissent inexorablement dans les égouts, soit dans le réseau des eaux pluviales.
L’ONG Ocean Conservancy a mobilisé, pendant tout l’automne 2013, environ 650 000 volontaires ayant réussi à récolter plus de 5 millions de kg de détritus sur les plages et océans. Un bilan chiffré est disponible dans un rapport édité par l’ONG, pour cette mission ayant vu la participation du Pérou, de l’Inde, des Philippines, du Canada ou encore des États-Unis.
Plusieurs millions d’objets ont été collectés durant cette opération. Parmi ces déchets, on compte des centaines de milliers d’emballages alimentaires, de bouteilles, bouchons et pailles en plastique, de bouteilles en verre ou encore de cannettes et autres sacs en plastique. L’objet le plus retrouvé est : le mégot de cigarette, et de loin ! En effet, durant l’opération, environ deux millions d’entre eux ont été rassemblés.
« Chaque année, plus d’un milliard de déchets seront accumulés sur les routes du Texas. Sur ce nombre, 13 % sont des mégots de cigarettes. Cela signifie que 130 millions de mégots seront jetés au Texas cette année seulement. » Déclaration du ministère américain des Transports.
Le nombre inquiète, mais il s’agit seulement de la partie émergée de l’iceberg. En effet, les filtres de cigarettes sont constitués de plastique, plus précisément d’acétate de cellulose, entre autres. Les mégots ne sont donc pas biodégradables, mais photo-dégradables, c’est-à-dire qu’ils se dégradent par l’effet de rayons lumineux, en particulier ceux émis par le soleil. Le problème réside dans le fait qu’il s’agit d’une dégradation lente, environ une décennie durant laquelle les sols risquent d’être contaminés par ces mégots ayant absorbé les substances dangereuses contenues dans les cigarettes.
Il existe certaines alternatives pour contrer le fléau. Par exemple, les activités de l’entreprise TerraCycle fondée en 2001 par un étudiant de l’Université de Princeton (New Jersey), ont vocation à traiter le problème des mégots. TerraCycle transforme les mégots en bois synthétique pouvant être utilisés pour la construction de palettes ou de bancs. La « Brigade des mégots » se charge de la collecte tandis qu’il est possible pour les particuliers d’envoyer eux même leurs mégots, soit par transporteur, soit en les déposant dans un point de collecte.
Côté répression, l’état américain du Maine taxe directement la population pour défrayer le plus possible l’énorme coût des opérations de nettoyage. Dans la capitale française, la législation se durcit : l’amende pour jet de mégot sur la voie publique passe 35 à 68 euros. Il faudra tout de même être négligeant pour être exposé à ce montant : la mairie de Paris annonce l’installation de 30 000 nouvelles poubelles (une tous les 100 mètres) équipée d’un éteignoir.
Sources : L’Actualité — La Dépêche — Direct Matin — Ocean Conservancy — Terra Cycle