Aux portes du pouvoir, le Rassemblement national (RN) esquisse un plan budgétaire afin de faire des économies. Le député de la Somme RN Jean-Philippe Tanguy a notamment proposé de supprimer La Poste pour confier ses activités à Amazon.
Les élections législatives précipitées suites à la dissolution de l’Assemblée nationale vont mettre le RN, en cas de majorité absolue, face à ses responsabilités. Comment le parti va faire des économies alors que le budget français accuse un déficit de 5,5% qui génère automatiquement une hausse de la dette publique ?
Le RN doit produire une projet de loi de finances rectificatif (PLFR) afin d’appliquer ses promesses sur le pouvoir d’achat. Notamment la réduction de TVA de 20 à 5,5% sur les carburants, le fioul domestique, le gaz, ainsi que l’électricité ou l’annulation des prix du gaz de 11% prévue le 1er juillet.
Le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy l’assure : l’objectif consistera à réduire le trou entre les dépenses et les recettes. « Avez-vous vu la tendance de déficit sur les premiers mois ? Les arbitrages que je peux confirmer, c’est qu’on ne va pas laisser filer le déficit en arrivant », jure celui qui pourrait devenir le premier ministre de l’Economie et des Finances de Jordan Bardella.
D’après les équipes actuelles du ministère de l’Economie et des Finances, la baisse de la TVA coûterait pourtant 10 milliards d’euros en année pleine, celle concernant l’électricité 4,5 milliards et celle pour le gaz 2,3 milliards. Le RN va donc devoir trouver la moitié de cette somme en recette ou en économies budgétaires afin de ne pas creuser le déficit et accélérer l’augmentation de la dette publique.
Pour y parvenir, Jean-Philippe veut couper dans le gras rapidement. Et cela passe, entre autres, par la liquidation du groupe La Poste. « L’Etat verse 300 millions pour le service public postal. On peut très bien trouver un arrangement en reportant cela sur Amazon ou autre », indique l’élu de la commission des finances de l’Assemblée nationale dans les colonnes de l’Opinion.
Une proposition qui a notamment fait bondir la Secrétaire d’État chargée du Numérique Marina Ferrari. « Pour financer son « programme », le RN envisage de liquider La Poste pour confier ses activités à Amazon. Première victime : la ruralité qui serait sacrifiée au service de la rentabilité ! Soutien à nos postiers qui sont l’honneur du service public », a-t-elle indiquée sur X.
Il paraît surprenant que le RN veuille vendre La Poste à Amazon. Le groupe bénéficierait considérablement de cette acquisition, ce qui permettrait à des intérêts étrangers de s’ancrer dans le paysage économique français.
Le paradoxe est d’autant plus marqué étant donné que le RN se positionne souvent comme un fervent défenseur de la souveraineté française. L’idée de céder un service public à une multinationale américaine va à l’encontre de cette rhétorique souverainiste. Cette démarche pourrait être perçue comme un abandon des principes de protection des entreprises et des services nationaux, en contradiction avec la ligne politique traditionnelle du parti. En proposant une telle vente, le RN risque de susciter des interrogations quant à la cohérence de ses positions et à l’impact potentiel sur la souveraineté économique du pays.