Changer de tête en quelques heures et obtenir une longueur ou un volume à faire pâlir d’envie vos amies ? C’est désormais possible grâce aux extensions de cheveux. Mais ces cheveux, à qui appartiennent-ils ?
Les extensions de cheveux naturels permettent d’obtenir un résultat proche de la réalité, et donc quasi insoupçonnable. Autre fait insoupçonné, leurs provenances. Il y a quelques jours Arté diffusait une série de courts-métrages : « Product », dont le principe consiste à plonger le spectateur en immersion totale dans la chaîne de production de divers produits de consommation de masse. En se plongeant dans les yeux d’un produit, ces films retracent le parcours invisible des biens que nous consommons. Ici vos cheveux.
En occident, on maltraite le cheveu, depuis longtemps. Mais en Inde, c’est une offrande religieuse, et ils sont chaque année des milliers à se raser la tête pour offrir leur chevelure aux dieux qu’ils vénèrent dans l’espoir d’une vie meilleure. Sauf que ces Dieux ne se trouvent pas au ciel, mais en occident. Et les Dieux sont prêts à payer le prix fort pour s’offrir ces jolies mèches.
Ce sont plus 500 tonnes de cheveux qui sont ainsi rasées puis exportées à travers le monde pour en faire des leurres. Le traitement de ces cheveux est digne de celui d’un jean, passant par une dizaine de bacs de produits chimiques différents, brossés, teints et tissés à la main avant de se retrouver sur nos étales.
Le trafic de ces cheveux interroge, et pourtant, « tout le monde » y trouve son compte. Les rues indiennes vidées de leurs cheveux peu ragoûtants, des emplois sont créés, des temples construits, le croyant se nourrit d’espoir, et le consommateur est « magnifique ». Mais le caprice semble insensé, tant le parcours est faramineux : 8000 km pour quelques mèches indiennes posées sur le crâne de ces dames, moyennant la somme de 600 euros.
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