Liban : des fleuves de déchets survolés par un drone

Un collectif citoyen local a détourné un spot publicitaire touristique provenant du gouvernement libanais. La vidéo publiée présente les « fleuves » de déchets qui pourrissent dans la capitale Beyrouth, mais aussi dans divers autres endroits du pays.

You Stink (« Vous puez ») est un collectif citoyen qui était à l’origine de grandes marches de protestation à Beyrouth l’an dernier contre le gouvernement libanais quant à la question du traitement des ordures qui touche le pays entier.

Le collectif a détourné un spot publicitaire provenant du ministère du tourisme libanais, alors que ce dernier vantait la beauté de la nature du pays. À l’aide d’un drone, une vidéo a été tournée montrant la triste réalité du panorama : des montagnes de déchets dans des vallées, sous des ponts ou encore au milieu de la forêt, sous forme de grandes trainées de sacs, rappelant la forme des fleuves. La vidéo présente également d’importants amas de déchets en bord de mer.

La courte vidéo d’à peine plus de deux minutes suffit à se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Même sur doux fond musical et une ambiance « nature », les images sont impressionnantes, en négatif bien sûr.

You Stink a voulu sensibiliser et dénoncer l’incapacité (ou l’hypocrisie) du gouvernement à trouver une solution à la crise des déchets ayant vu le jour le 17 juillet 2015, et ce juste après la fermeture de la principale décharge du Liban (Naamé), située au sud de la capitale. Depuis ce jour-là, les déchets produits à Beyrouth ainsi qu’au Mont Liban sont déversés dans des décharges sauvages, en pleine nature à travers tout le pays.

 

الفيديو الفضيحة الذي لا تريدك السلطة اللبنانية الفاسدة ان تراه

الفيديو الفضيحة الذي لا تريدك السلطة اللبنانية الفاسدة أن تراه، شاهد للنهاية..الإنذار الأخير، السبت ١٢ أذار، الساعة ٤، من ساحة ساسين الاشرفية إلى ساحة رياض الصلح #طلعت_ريحتكم وقتلتونا

Posté par ‎طلعت ريحتكم‎ sur lundi 7 mars 2016

 

À Beyrouth, les déchets ont été repoussés en dehors de l’espace urbain, mais sont visibles à la lisière de la ville, par exemple dans la décharge sauvage de Karantina. La société civile et les médecins ont alerté les autorités des dangers à la fois sur la santé, mais également à propos de l’environnement. Malheureusement, ces appels sont restés sans réponse, que ce soit au niveau de la communication ou des actes.

Cette crise des déchets ne trouve donc aucune issue chez les acteurs de la décision. D’ailleurs, les clivages existants sont le signe d’une crise politique sans précédent depuis plus de deux ans, amplifiés par la guerre en Syrie voisine. Le gouvernement libanais semble très divisé sur la question de Bachar-el-Assad, ce qui alimente les animosités et le manque de prise de décision. En tout cas, la situation promet d’être explosive avec la population, car l’arrivée prochaine de températures plus douces sonnera la fin de l’hiver et une amplification des nuisances, notamment olfactives.

Sources : 24 Heures — La Tribune