Quand Manhattan était échangée contre une petite île indonésienne

Dans un but de promotion touristique, un vieil échange entre grandes puissances coloniales du XVIIIe siècle a été célébré, celui des îles Banda et de l’île de Manhattan entre Hollandais et Britanniques. Quelles sont les coulisses de cet échange et pourquoi en reparlons-nous ?

À partir du début du XVIe siècle jusqu’à la fin du XVIIe siècle, les puissances coloniales se sont disputées l’île de Run, plus petite île de l’archipel des Banga, faisant lui même partie de l’archipel des Moluques (Indonésie). Et pour cause, l’île de Run fût, jusqu’au XIXe siècle le seul lieu au monde où l’on cultivait la précieuse noix de muscade, utilisée à des fins alimentaires et médicinales. Il faut savoir qu’à l’époque, un gramme de poudre de noix de muscade se négociait plus cher qu’un gramme d’or !

L’archipel de Banda a été découvert et colonisé au début du XVIe siècle par les Portugais, laissant place aux Britanniques au début du XVIIe siècle en ce qui concerne les îles de Run et d’Ai. Alors que les Hollandais chassaient progressivement les Portugais de l’archipel de Banga dans leur quête du monopole des épices, seules les îles britanniques de Run et de Ai leur résistaient.

En 1665, les Hollandais parviennent à chasser les Britanniques, mais leur flotte ne capitule pas. Ainsi en 1667, le traité de Breda met un terme au conflit et scelle un échange étonnant. Nieuw Amsterdam, actuelle île de Manhattan, est cédée aux Britanniques en échange de l’île de Run, alors que les Hollandais avaient mis le feu aux exploitations de noix de muscade pour réduire l’attractivité de l’île.

Si nous évoquons aujourd’hui cet épisode de l’histoire des Moluques, la raison se trouve dans la volonté des habitants de l’archipel des Banga de développer le tourisme et d’accueillir de nombreux visiteurs sur leurs îles paradisiaques, source de revenus supplémentaires. En quelques années, cette place est tout de même parvenue à se faire un nom dans le domaine de la plongée sous-marine. En célébrant l’échange entre Britanniques et Hollandais ayant eu lieu à l’époque, les banganais espèrent améliorer leur attractivité.

Concernant l’île de Run, celle-ci est peuplée par à peine 2 000 personnes, dont 70 % sont des pêcheurs et le reste, des fermiers tentant de faire revivre la noix de muscade. Cette île désire alors s’insérer dans le plan des Banga pour développer le tourisme mais les obstacles majeurs sont incarnés par le manque criant de transports, de moyens de communication et de système d’eau potable.

Sources : Sciences et AvenirCourrier International