À Pékin, un téléphone public sonnait chaque semaine à la même heure

cabine téléphonique
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Il y a quelques mois, un téléphone public s’est mis à sonner régulièrement. Des passants curieux ont finalement décroché. Cette affaire rocambolesque cache en réalité une performance artistique sur fond de drame social et écologique.

La détresse d’une population

Aujourd’hui, la cabine téléphonique est un objet obsolète en voie de disparition. Toutefois, il en existe encore quelques-unes çà et là, notamment à Pékin, la capitale chinoise. Comme l’explique NPR dans un article du 3 octobre 2022, un de ces téléphones publics a d’ailleurs commencé à sonner un samedi après-midi du mois de juillet. La sonnerie retentissait de manière continue entre 15 et 17h, sans réponse, une opération répétée les samedis suivants. Un jour, des passants curieux décident de décocher, sûrement inquiets qu’une personne soit en détresse. Au bout du fil, une voix donne des indications sur la vie de certains habitants en Chine. Elle décrit notamment des difficultés à respirer et des maux de gorge.

Cette voix était celle de Hong Yu, une citoyenne qui vit comme 2,7 millions d’autres personnes dans la ville de Huludao, au nord de Dalian. Selon elle, la population locale souffre énormément. Il faut dire que la zone abrite une usine de zinc ainsi que plusieurs entreprises qui fabriquent ou ont recours à des pesticides et d’autres produits chimiques.

Un artiste placé en détention

À l’origine, les habitants ont exprimé leur mécontentement et leur détresse par le biais de pétitions et autres mobilisations. Néanmoins, les autorités y sont restées insensibles. En revanche, l’artiste Brother Nut a répondu à l’appel. Costumier de performances « absurdes » sur fond d’activisme écologique, l’homme a eu l’idée de transformer la vieille cabine téléphonique en ligne directe avec la ville de Pékin qui se trouve pourtant à plus de 400 km de Huludao.

artiste chinois brother nut
L’artiste chinois Brother Nut. Crédits : nutbros / Instagram

Brother Nut a donc endossé le rôle de porte-voix de la population de Huludao, mais malheureusement, les conséquences n’ont pas tardé. Quelques semaines après le début de l’expérience, l’artiste a été placé en détention durant 24 heures. Quelques jours plus tard, il a publié une vidéo TikTok dans laquelle il affirmait avoir inventé les informations concernant les pollutions à Huludao, avant de présenter ses excuses et d’affirmer que « la vie est belle » dans cette zone.

Aujourd’hui, les habitants de Huludao ne sont pas prêts de voir un quelconque changement arriver. Les autorités chinoises semblent en effet avoir décidé de placer cette affaire sous silence. Le téléphone public ayant servi à donner l’alerte a d’ailleurs été désactivé.