Le Pérou désire renforcer les lois visant à punir les bûcherons œuvrant dans l’illégalité, contribuant à la déforestation de l’Amazonie. L’objectif est d’éradiquer la déforestation d’ici à 2021.
Il existe un vide juridique au Pérou concernant les individus et entreprises qui abattent des arbres en toute illégalité sur le territoire. Ce vide juridique est dénoncé par César Fourmet, haut-commissaire aux affaires à la lutte contre la taille illégale, qui explique que les sanctions ne sont pas assez importantes et dissuasives.
« On doit établir un minimum de quatre ans de peine pour qu’il y ait de la prison effective, nous devons opérer un changement, nous allons le proposer en 2015. Nous ne considérons pas cette proposition comme infondée, bien au contraire, le but est d’éviter ce genre de faits » indique-t-il.
En effet, si les condamnations sont pour la plupart de 6 à 9 ans de réclusion pour les affaires les plus graves, une bonne partie des sentences ne dépassent pas 4 ans. Le problème est que sous cette barre des 4 ans, aucun temps de prison effectif n’est à la charge du condamné : il ne va donc pas en prison.
En 2014, 115 millions de planches de bois ont été saisies par les autorités péruviennes lors d’opérations menées contre le trafic illégal de bois, selon César Fourmet, ce dernier rappelant l’engagement du pays contre la déforestation clandestine, et ce alors que le Pérou connait actuellement son taux de déforestation le plus fort en 13 ans.
« En 2001, le niveau de déforestation au Pérou a été de 80 000 ha, l’an passé il a atteint plus de 145 000 ha, la tendance est donc à l’augmentation de la déforestation. C’est un scénario compliqué, car le Pérou doit faire un effort plus grand pour s’attaquer à la déforestation qui est en croissance » explique Suárez de Freitas, coordinateur du National Forest Conservation Programme for Mitigation against Climate Change, le programme péruvien de protection de la forêt amazonienne.
L’expert indique que 95 % de la déforestation est causée par la volonté d’obtenir des champs pour l’agriculture commerciale (exportation), ainsi que pour une agriculture vivrière, et il y en a besoin. Il faudra donc trouver un juste milieu, un terrain d’entente entre le développement du Pérou et la protection environnementale.
« Il y a un objectif fixé par le Pérou en 2009 et que nous essayons d’atteindre : 2021 doit être l’année de la déforestation zéro, c’est une ligne claire, elle repose sur le fait que l’on doit replanter ce qui a été déboisé » déclarait le ministre de l’Environnement Manuel Pulgar-Vidal.
Pour l’instant, le taux de déforestation au Pérou atteint les 120.000 ha par an pour un total d’environ neuf millions depuis plusieurs décennies. À l’échelle mondiale, la déforestation qui se produit dans l’hémisphère sud accélère le réchauffement global, menaçant la production alimentaire et portant atteinte à l’équilibre des précipitations à la fois en Europe, en Asie (Chine) et dans le centre des États-Unis.
Les précipitations pourraient d’ailleurs baisser dans les régions tropicales comme en Amazonie et en Afrique centrale. De plus, abattre les arbres pour créer des parcelles agraires libère du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, encourageant le réchauffement global. Ainsi, les zones tropicales retiennent moins l’humidité, ce qui bouleverse les schémas climatiques à l’échelle locale.
Il reste 70 millions d’hectares de forêt au Pérou, mais les autorités doivent faire face à plusieurs problèmes : le développement de l’agriculture bien sûr, mais également les activités minières polluantes, et le trafic de bois précieux géré par les mafias.
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Sources : Actu Latino – RFI