Premier jugement pour fraude au financement participatif

Une grande première a eu lieu récemment dans le monde du financement participatif (crowdfunding) : un fraudeur américain vient d’être condamné par la justice.

Une demande de financement a été lancée par Erik Chevalier sur la plateforme Kickstarter en mai 2012 pour son projet de jeu de société « The Doom That Came To Atlantic City », dont l’image représente une femme blonde sexy prise au piège dans un tentacule de monstre. Pour mener à bien son idée, l’américain avait demandé 35 000 dollars (31 000 euros) mais il s’avère que l’idée avait réellement plu, ainsi 1246 personnes ont contribué à réunir la coquette somme de 122 874 dollars (109 000 euros), soit plus de trois fois le montant espéré.

Le problème réside dans le fait que, passé la campagne de financement, Erik Chevalier a déclaré à ses donateurs que le jeu est irréalisable et disparait en juillet 2013 après un an d’excuses et d’explications vaseuses. Pourtant, en août 2012, le fraudeur disait avoir créé une boutique en ligne (aujourd’hui disparue) afin de permettre aux intéressés de faire une précommande du jeu et de tous les accessoires, d’acquérir des produits dérivés de type tee-shirts, stickers, etc. ; tout en proposant un envoi dans le monde entier.

Sur la page Kickstarter, l’historique des échanges entre donateurs et Erik Chevalier est encore visible, en voici d’ailleurs quelques bribes :

Erik Chevalier :

« Ce n’est pas un message facile à poster. En version courte : le projet est fini, le jeu est abandonné. Toutes les erreurs possibles ont été faites, certaines sont dues à mon inexpérience dans la publication de jeu, d’autres à des conflits d’ego, des questions juridiques et des complications techniques. […] Mon espoir est de finir par rembourser tout le monde. Cela va mettre tout le poids financier sur mes épaules.
Encore une fois, je n’ai jamais voulu escroquer quiconque ni perpétrer une fraude, mais je me suis retrouvé dans une situation au-delà de mes possibilités et j’en suis profondément désolé. »

Les donateurs :

« Menteur. Vous n’avez aucune intention de rembourser qui que ce soit. Vous n’allez jamais poster de nouveaux messages parce que vous êtes un menteur et un voleur. […] Vous n’avez pas d’honneur, pas d’intégrité. »

« C’est Kickstarter, les gars. Si vous voulez un retour sur investissement immédiat et sûr, allez acheter d’autres jeux dans des magasins traditionnels. »

« Y a-t-il des participants de l’état de Washington qui veulent porter plainte? Les lois de l’état montrent la voie à suivre contre ces escrocs. »

Le fraudeur a finalement été rattrapé par la justice ce 11 juin 2015, précisément par La Federal Trade Commission (FTC), une agence gouvernementale américaine chargée du droit de la consommation et des pratiques commerciales. Erik Chevalier a fait l’objet d’une condamnation puisqu’il a été contraint de rembourser 111 793 dollars (99 600 euros) et a été banni du crowdfunding, l’empêchant de créer de nouveaux projets. Cependant, le fraudeur ne peut pas rembourser et le jugement se trouve suspendu : il aurait dépensé l’intégralité de la somme réclamée. La FTC déclarait alors :

« Il a utilisé la majorité des fonds pour des dépenses personnelles, comme son loyer, son déménagement et des équipements personnels. »

Le jeu de société a pu tout de même sortir puisque les artistes à l’origine du prototype de « The Doom That Came To Atlantic City » ont pu récupérer le projet après la faillite de l’entreprise d’Erik Chevalier, pour l’apporter à Cryptozoic, un éditeur spécialisé.

Sources : L’Usine DigitaleRue 89Good Morning Crowdfunding