Des chercheurs américains proposent un plan pour redynamiser la ville de Détroit aux États-Unis, en déclin depuis quelques années. Il s’agit ici de faire venir environ 50 000 réfugiés syriens à Détroit, une idée publiée il y a peu dans le New York Times.
Détroit est la ville la plus imposante de l’état du Michigan. Au milieu de l’année 2013, cette ville a été déclarée en faillite, accusant un déficit avoisinant les 18 milliards de dollars. Cette catastrophe est la conséquence de la chute de grandes entreprises automobiles ayant fait le succès de Détroit dans les années 70′ s : General Motors, Ford et Chrysler.
Un plan de relance a été validé par la justice américaine en novembre 2014, alors que la situation démographique continue de se détériorer. En effet, Détroit comptait environ 1,9 million d’habitants dans les années 1950 contre 700 000 aujourd’hui, soit une perte de près d’1,2 million d’âmes. Il y a dans cette ville, entre autres, une chute de la fréquentation des infrastructures ainsi qu’une absence de services de transports en commun, causant la marginalisation des populations défavorisées des quartiers excentrés.
La crise de Détroit a donc causé un véritable vide dans cet espace urbain. Ce manque pourrait être comblé par les actuels réfugiés syriens présents en Turquie (1,8 million) et en Jordanie (600 000). C’est en tout cas une idée émanant de deux chercheurs américains : David D. Laitin, professeur de sciences politiques et co-directeur du laboratoire de politique migratoire et d’intégration de l’université de Stanford et Mark Jahr, ancien président de la société de développement du logement de New York. Cette proposition a été faite dans un éditorial du New York Times paru ce jeudi 14 mai 2015, baptisé « Let Syrians settle Detroit » (Laissez les Syriens s’installer à Detroit).
« Imaginons que ces deux désastres humanitaire et social étaient réunis pour produire quelque chose de positif », déclarent les chercheurs. En effet, redynamiser Détroit en donnant un lieu de vie à ces réfugiés est une idée intéressante sur le papier, tandis que son caractère utopique fait que son application trouverait quelques obstacles sur son chemin, principalement d’ordre politique et administratif.
« Notre proposition, hélas, ne va pas se mettre en place toute seule, elle nécessiterait une coordination des agences et du gouvernement à plusieurs niveaux. Elle nécessiterait un soutien local. Et elle nécessiterait une allocation extraordinaire du budget », selon David Laitin pour France 24. Cette « allocation extraordinaire » devrait prendre la forme d’une enveloppe de près d’1,5 milliard de dollars.
Les deux chercheurs estiment que l’accueil de 50 000 réfugiés nécessite une augmentation des quotas d’immigration de réfugiés pouvant être acceptés aux États-Unis. De plus, il incomberait au département d’État d’installer des bureaux dans les différents camps de réfugiés en Turquie et Jordanie, dans le but d’évaluer l’éligibilité des éventuels candidats.
« Je pense que le gouverneur du Michigan, le maire de Detroit et le président des États-Unis ont, à eux trois, le pouvoir de rassembler les parties intéressées, de façon à ce que la coordination nécessaire soit effective », poursuit David Laitin, en rappelant également que l’idée n’est que la reprise de celle qu’avait eue, en 2014, le gouverneur républicain du Michigan, Rick Snyder, réclamant déjà l’accueil de 50 000 réfugiés pour participer au plan de relance de la ville.
« Les réfugiés syriens sont une communauté idéale pour réaliser cet objectif, les Arabo-Américains ayant déjà une présence dynamique et brillante dans la métropole de Détroit » selon les deux universitaires, soutenant que l’intégration des réfugiés est faisable, et qu’il faille limiter la crainte d’éventuelles difficultés d’assimilation.
David Laitin et Mark Jahr évoquent par ce biais un melting-pot de communautés à Détroit, et prennent un autre exemple : celui de l’élection du premier maire blanc de la ville depuis une quarantaine d’années, tandis que la majorité des habitants est noire.
Sources : New York Times — France 24 — Le Journal de Montréal — La Tribune de Genève
– Crédits photo : Barbara Eckstein