À l’approche des fêtes de Noël, les ventes de plusieurs produits de consommation se sont envolées. Parmi ceux-ci, l’une des grandes stars est sans aucun doute le chocolat. En effet, on le retrouve en cadeau, mais aussi bien sûr en dessert. Pourquoi pas dans une belle bûche de Noël par exemple ? Le problème c’est que la consommation explose et toutes les grandes marques vont tout faire pour nous en vendre un maximum. Alors pourquoi faut-il réfléchir à une consommation responsable du chocolat à Noël ? Pour nous aider à comprendre le problème, la fédération d’associations France Nature Environnement (FNE) a récemment fait un communiqué sur la consommation de chocolat en période de fêtes.
La consommation de chocolat : son coût environnemental
La majorité des fournisseurs de chocolat de la planète se situe en Afrique, environ 75 % selon la FNE. Or, elle ajoute que » pour répondre à la demande croissante en chocolat, des forêts tropicales y sont rasées « . Par exemple, dans un rapport de l’organisation Mighty Earth, on apprend qu’il ne reste plus que 11% du territoire recouvert de forêts en Côte d’Ivoire. Avant 1960 et l’indépendance du pays, la forêt recouvrait la majorité du pays et des dizaines de milliers d’éléphants et de chimpanzés y étaient présents. Aujourd’hui, on ne compte plus que 200 à 400 individus sur le territoire.
Qui plus est, la forêt tropicale Africaine est l’un des poumons de la planète. La FNE pointe du doigt le fait que les trois grandes zones forestières de la planète sont aujourd’hui menacées. En effet, les forêts amazoniennes le sont en grande partie à cause de la production de soja destiné aux animaux, les forêts asiatiques le sont pour l’huile de palme et enfin les forêts africaines sont détruites pour la consommation de chocolat. En 2015, pour satisfaire la demande en chocolat et de ses dérivés, environ 3 millions de tonnes de cacao ont dû être utilisées. Depuis, la consommation croît entre 2 et 5 % et continuera de croître, selon le même rapport de Mighty Earth.
Cette situation des forêts tropicales est assez alarmante. En effet, pour rappel, une étude parue en 2017 dans le magazine Science expliquait qu’à cause de la déforestation, les forêts tropicales produisaient du dioxyde de carbone. Historiquement, elles avaient toujours joué un rôle de poumon et de rempart, « régulant » ainsi le réchauffement climatique.
Enfin, outre la déforestation, l’aggravation du réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité dans les forêts tropicales non protégées, le marché du chocolat provoque aussi un coût social non négligeable.
La consommation de chocolat : son coût social
La situation des cultivateurs
Selon la FNE, le cultivateur moyen de cacao en Afrique de l’Ouest gagne 1 $ par jour. En Côte d’Ivoire, pays cité plus tôt et pris en exemple, le cultivateur moyen gagne 0,54 $ par jour. En comparaison, lorsqu’on achète une plaquette de chocolat, la part du producteur représente 6 % du prix de la plaquette. La part du distributeur représente quant à elle 1/3 du prix de la plaquette.
Ce constat montre bien qu’il est possible pour les distributeurs de réduire leurs marges afin d’augmenter celle du producteur sans toucher au prix. Dans ce sens, la Mighty Earth a contacté plusieurs distributeurs : Auchan, Biocoop, Carrefour, Casino, Intermarché – Les Mousquetaires, Lidl, Mark & Spencer et Système U. Et si Auchan, Biocoop, Casino ne se sont pas engagés dans une démarche de lutte contre la déforestation importée à l’heure actuelle, tous ont répondu à la demande de contact de Mighty Earth, à l’exception de Système U. Pour pousser Super U à répondre, la FNE a commencé une action qui prendra fin le 31 décembre 2018 : une campagne d’interpellation. Il vous suffit de suivre ce lien pour envoyer un mail de protestation.
La corruption en zone protégée
En Côte d’Ivoire, la production de chocolat va donc bon train, mais ce n’est pas suffisant pour les entreprises qui cultivent le cacao. Ainsi, bien souvent, on retrouve des cultivateurs illégaux dans les réserves et les zones protégées. Le gouvernement est contre et a pris des mesures en ce sens. Pourtant, les choses n’avancent pas vraiment. En effet, les représentants sur le terrain reçoivent suffisamment de pots-de-vin pour qu’ils prennent le risque de ne pas chasser les contrevenants.
Que peut faire un consommateur de chocolat ?
Pour profiter des fêtes avec du chocolat, vous pouvez simplement consulter cet article d’ethical consumer (en anglais) qui reprend plusieurs marques de distributeurs et les notes en fonction de l’impact de leurs activités sur l’environnement et des actions sociales entreprises auprès des cultivateurs. Vous pouvez aussi à la campagne d’interpellation présenter un peu plus haut dans l’article.
Sources : Article de Science : Tropical forests are a net carbon source based on aboveground measurements of gain and loss, Rapport de la Mighty Earth, Communiqué de la FNE, Rapport de la FNE : Déforestation due au chocolat : un désastre évitable.
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