Vian Dakhil est une yézidie, la seule élue au parlement irakien, qui a entrepris un combat aussi titanesque que magnifique, racheter pour libérer les femmes et enfants retenus captifs par Daesh.
Elle est la seule élue yézidie au Parlement irakien de Bagdad, mais depuis le 3 août 2014 et la prise de la ville de Sinjar et des villages avoisinants, majoritairement yézidis, dans le Kurdistan irakien, un seul combat anime Vian Dakhil, 43 ans. Le 5 août 2014, deux jours après la prise de la ville, elle avait prononcé un discours poignant au Parlement irakien, devant l’imminence d’une situation catastrophique. « Mes frères, au nom de l’humanité, je vous en supplie, sauvez-nous ! » avait-elle lancé en larmes.
Ce n’est qu’après le retrait des combattants de l’EI à Sinjar que l’ampleur des dégâts est constatée. La plupart des hommes ont été massacrés puis jetés dans des fosses, quand aux femmes, elles sont plus de 5 000 à être alors portées disparues, contraintes pour la plupart à devenir les épouses ou les esclaves sexuelles des djihadistes. C’est décidé, elle va racheter ces femmes et enfants, un par un, en se basant sur sa nouvelle notoriété (en Irak et dans de nombreux pays, elle est devenue un symbole de lutte), une fondation et les réseaux sociaux.
« Je paye entre 4000 et 6000 dollars par personne, un peu moins pour les enfants » déclare-t-elle avant d’énoncer quelques-unes des atrocités vécues par ces femmes. « Certaines prisonnières me racontent les sévices endurés, cela dépasse l’imagination. Une mère qui avait tenté de s’échapper a vu son bourreau dépecer l’enfant et le manger. J’ai pu la faire libérer en payant« .
Un combat des plus efficace, mais qui reste insuffisant compte tenu du nombre de femmes et enfants devenus esclaves de l’organisation terroriste. « Sur les 5840 femmes et enfants kidnappés, après les morts et les libérations contre rançon, 2200 restent encore prisonniers« . Désormais plus que jamais, Vian Dakhil a besoin d’aide, elle qui est devenue une personne à abattre pour Daesh. « Je dois vivre avec la peur, l’EI m’a désigné comme une cible à abattre. J’ai reçu des avertissements des autorités pour me signaler que j’étais désormais la femme la plus recherchée en Irak par l’EI« .
source : letemps