Scarfolk, la ville anglaise fictive bloquée dans les années 1970

Le nord de l’Angleterre n’est pas le plus joyeux des endroits, mais de là à y trouver une ville lugubre telle que Scarfolk ! En effet, coincée dans les seventies, cette bourgade est angoissante puisque tout le monde vous espionne. Les bâtiments hantés ne sont pas là pour rassurer et même les nouveau-nés font peur !

Les années 70 ont été compliquées pour le Royaume-Uni comme en témoigne la sévère crise économique ayant suivi le choc pétrolier de 1973. Croissance négative, forte inflation, salaires en baisses, chômage… le pays a connu des grèves massives et des manifestations imposantes. Ce phénomène a même fait l’objet d’une nouvelle appellation mentionnée pour la première fois en 1977 par le journaliste Peter Jay : l’Englanditis.

Cependant, Scarfolk est une cité fictive puisqu’il s’agit d’une dystopie du nord de l’Angleterre des seventies créée de toute pièce par l’écrivain et designer Richard Littler. Natif de Manchester, l’auteur a grandi dans une ambiance morose. S’inspirant de ce passé, il imagine Scarfolk qu’il présente dès 2013 dans un blog à succès truffé de faux documents montrés comme des archives et de déclarations plus abracadabrantes les unes que les autres. En 2014, le roman Discovering Scarfolk se charge ensuite de forger un peu plus la réputation de la ville. Évidemment, ne la cherchez pas sur une carte !

À peine une semaine après sa parution, le blog montrait déjà une campagne d’affichage public déclarant : « les bébés peuvent tuer, une morsure de chien suffit », ainsi qu’un extrait de manuel scolaire demandant aux enfants de boire des verres de gin jusqu’à ne plus pouvoir prononcer « dodécaèdre » ou encore une brochure incitant les visiteurs à tenter de voir plus loin que les « hôpitaux psychiatriques de haute sécurité ».

La supercherie de l’auteur repose sur les tendances médiatiques et culturelles de l’Angleterre des années 1970, ainsi que sur l’actualité géopolitique. Entre menaces de guerre nucléaire, climat pesant sur fond d’austérité et d’attentats de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), la presse manipulait le peuple en publiant des articles et reportages sur des sujets complètement dénués de scepticisme, concernant notamment des vampires, des soucoupes volantes ou encore des maisons hantées par des fantômes…

« C’était une surprise énorme. J’avais créé Scarfolk sans volonté de faire de l’audience », indique Richard Littler pour le site Motherboard.

Au bout du premier mois, le blog avait déjà réuni 300 000 vues ! Tentant d’expliquer le succès pourtant involontaire de ces publications, ainsi que l’intérêt porté par les quadragénaires des années 2010, l’auteur apporte sa lumière :

« Scarfolk invoque souvent des images bénignes de choses oubliées depuis longtemps. Plus le souvenir est vague, mieux c’est. Cela produit un sentiment de reconnaissance trouble. Alors que vous essayez de rassembler les morceaux, Scarfolk offre une histoire de substitution »
, des propos recueillis par Collectors Weekly, un magazine destiné aux collectionneurs.

Voici un éventail des documents parus sur le fameux blog de la ville fictive de Scarfolk :

(Crédit image : Scarfolk Council Blog) (Crédit image : Scarfolk Council Blog) (Crédit image : Scarfolk Council Blog) (Crédit image : Scarfolk Council Blog) (Crédit image : Scarfolk Council Blog)

Sources : MotherboardAtlas Obscura