Un Thaïlandais a été condamné à 25 ans de prison pour avoir publié sur un réseau social des propos jugés offensant pour la monarchie et sa figure souveraine : Bhumibol Adulyadej, le roi Rama IX.
« Le prévenu a insulté la bien-aimée et vénérée monarchie thaïlandaise » déclare le juge durant une audience à huit clos dans un tribunal militaire.
L’homme de 58 ans a été condamné le 31 mars 2015 à un quart de siècle d’emprisonnement, équivalent à la perpétuité compte tenu de son âge déjà avancé. Son crime ? Celui de lèse-majesté, c’est à dire toute atteinte au souverain et aux signes de sa majesté, par exemple (objets, décisions, ainsi que les représentants de la monarchie). Ce crime apparait pour la première fois dans la Rome Antique, se poursuit au Moyen-Age (notamment en France) et perdure de nos jours tout en s’étendant à certaines républiques par exemple la Turquie.
« Il est consternant qu’au 21e siècle les gens soient emprisonnés pendant des décennies pour avoir critiqué la monarchie. Exprimer paisiblement une opinion n’est pas un crime » déclare Amnesty International. L’ONG appelle explicitement à l’arrêt des condamnations pour crime de lèse-majesté.
Selon l’article 112 du Code pénal thaïlandais, « toute personne diffamant, insultant ou menaçant le roi, la reine, leurs héritiers ou le régent, sera punie d’une peine de prison d’une durée de trois à quinze ans ». Dans ce pays, l’auto-censure est très forte au sein de la population, mais également au niveau des médias étrangers
La Thaïlande essuie actuellement les critiques pour avoir remplacé la loi martiale alors en vigueur par un décret accordant les pleins pouvoirs au chef de la junte militaire. Le crime de lèse-majesté est, dans un contexte de tension concernant la succession de l’actuel roi Rama IX (87 ans), le cheval de bataille de cette junte militaire arrivée au pouvoir en mai 2014 par un coup d’État. En effet, depuis cette prise de pouvoir, les condamnations de ce type se sont multipliées.
Sam Zarifi, directeur régional de la Commission internationale des juristes (CIJ) ajoute que cette peine de 25 ans est « l’une des plus dures dont nous ayons eu connaissance. C’est exceptionnellement sévère et disproportionné » (AFP). Peut-être que la peine a été alourdie à cause du fait que le condamné a commis le crime de lèse-majesté sur les réseaux sociaux, plus précisément Facebook.
En décembre 2014, un lycéen turc de 16 ans a lui aussi été arrêté et placé en détention en vertu de l’article 288 du Code pénal turc, dont la peine pourrait être de quatre ans de prison maximum pour « atteinte à l’image du président ». Son crime a été de qualifier de « chef des voleurs » l’actuel président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan.
Sources : Le Parisien — L’Humanité