Né au Japon il y a quelques années, le concept de « butler cafés » (l’équivalent masculin des « maid cafés« ) fait désormais fureur en Chine. En effet, plusieurs bars de ce genre profitent de la frustration des femmes chinoises dont les relations amoureuses ou mariages n’apportent pas satisfaction.
Des femmes louent un « majordome »
Au pays du soleil levant, habiller de jeunes serveuses en tenue de soubrette est un concept très populaire. Ces « maid cafés » sont une sous-catégorie de bar-restaurant cosplay, dont les équivalents masculins plus récents sont les « butler cafés » (butler signifiant majordome en anglais). Ces derniers sont aujourd’hui quasiment aussi populaires que les maid cafés et cette ferveur a désormais atteint le voisin chinois.
Comme l’explique le magazine Sixth Tone dans un article du 2 septembre 2021, des dizaines de butler cafés ont en effet ouvert dans toutes grandes villes de Chine. Les clientes peuvent ainsi « louer » les serveurs durant un temps limité. Une séance s’élève alors au prix moyen de 400 yuans, soit environ 52 euros. Durant cette séance, l’homme prête l’oreille à sa cliente, joue à des jeux avec elle et lui sert des boissons.
L’exemple du Promised Land (un butler café de Shanghai) est représentatif de ce business très lucratif. Dans cet établissement, les clients dépensent en moyenne 600 yuans (78 euros) par séance. Le bar a même un service d’adhésion VIP conférant aux clientes certains avantages. Elles ont notamment la possibilité de louer leur « majordome » durant toute une soirée pour le prix de 25 000 yuans, soit environ 3 200 euros.
Remède ou dérive sociétale ?
Comme au Japon, la fureur au sujet de ce genre d’établissement en Chine n’est pas le fruit du hasard. Les sociétés gérant ces bars ont trouvé un moyen de profiter de la frustration des femmes chinoises enfermées dans des relations amoureuses peu stimulantes ou des mariages ennuyeux. De nombreuses femmes estiment en effet que disposer d’un homme à l’écoute est tout simplement gratifiant et permet d’avoir une meilleure estime de soi. Or, en Chine; les hommes ne prêtent en général guère attention aux avis et problèmes des femmes.
Néanmoins, les butler cafés ne font l’unanimité en Chine. Des féministes estiment que la seule et unique raison pour laquelle les « majordomes » sont respectueux et à l’écoute est simple : ceux-ci sont payés dans le cadre d’un travail. Autrement dit, les militants voient ces cafés comme une dérive de la société patriarcale chinoise plutôt qu’un remède.
Enfin, un mot sur les conditions de travail des butlers travaillant dans ces cafés. Il s’agit de jeunes hommes dans l’obligation d’assurer en permanence une silhouette et une expression faciale conforme aux exigences de l’employeur. De plus, la concurrence entre ces serveurs est très forte. Par exemple, le Promised Land classe ses majordomes en trois niveaux : débutant, avancé et célébrité. Un mur affiche la quantité de pourboires reçus par chacun d’eux. Évoquons également la fréquence élevée des demandes de rapports sexuels de la part des clientes, ce qui n’est pas prévu et encore moins autorisé par les butler cafés.