Ce mercredi 19 décembre 2018, le ministère du Travail a rendu public les résultats d’une enquête qu’il avait commandée. Dans celle-ci est abordée la question des salaires et de la différence de rémunération que peuvent avoir les Français en fonction de leur type de contrats. Alors, selon cette étude, pourquoi y a-t-il des différences de salaire entre un CDD et un CDI ?
Sommaire
La méthodologie employée pour constater la différence des revenus
Pour parvenir aux conclusions qui vont suivre, l’étude s’est concentrée sur les salariés percevant une rémunération comptée à l’heure, et non pas en jour. Elle s’est par ailleurs concentrée sur les entreprises de plus de 10 salariés exerçant dans le secteur privé.
Afin de se concentrer sur les « emplois stables », cette étude exclut aussi :
- l’intérim
- les contrats aidés
- les CDD de moins d’un mois
Enfin, cette recherche a comparé uniquement les salaires bruts au sens le plus large du terme, c’est-à-dire les premières lignes de la fiche de paie. En faisant cela, certains paramètres, comme les avantages en nature déduits, qui diffèrent selon le secteur d’activité et l’entreprise, ne viennent pas fausser l’étude.
Les constats de l’étude sur les écarts de salaire entre CDD et CDI
L’étude constate une réelle différence de salaire. Ainsi, en 2014, la rémunération des CDD était inférieure de 14,4 % à celle des salariés en CDI. Les salaires bruts qui ont été analysés se composent de quatre grands éléments :
- le salaire de base brut : Pour les CDI, le taux horaire moyen relevé est de 15,30 €. Il est de 14,60 € pour les CDD.
- les heures supplémentaires : sur ce point, on constate deux différences. Premièrement, il y a davantage de personnes en CDI qui déclarent des heures supplémentaires. Ensuite, l’écart du taux horaire est beaucoup plus significatif, car il est de 17,30 € pour les CDI contre 13,80 € pour les CDD.
- les primes : presque 85 % des employés en CDI déclarent une prime contre un peu moins de 50 % de personnes en CDD. De plus, il y aurait un écart moyen de près de 36 % entre celles des CDI et des CDD.
- les autres éléments ponctuels : ici se regroupent des éléments comme l’épargne salariale. Mais les différences sont plus difficiles à comprendre, car elles sont aussi dues à des politiques internes d’entreprise. Ainsi, même chez les CDI, seuls 50,1 % d’entre eux perçoivent de tels éléments sur leurs fiches de salaire. Chez les CDD, seulement 29,4 % d’entre eux verront apparaître cette ligne sur leurs fiches de paie.
Dans un second temps, l’étude a pris en considération différents éléments comme des critères sociodémographiques, la taille de l’entreprise, l’ancienneté, le secteur d’activité, etc. pour effectuer des comparaisons entre CDD et CDI. Ainsi, différents éléments ont été constatés, comme :
- l’écart de rémunération entre CDD et CDI est plus faible parmi les salariés de moins de 30 ans
- la taille de l’entreprise joue sur les primes, mais aussi sur les salaires de base
Quelles sont les réponses qu’apporte l’étude aux différences de salaire constatées entre CDI et CDD ?
Selon les résultats de cette recherche, l’âge de l’employé et son ancienneté permettent d’expliquer « au moins partiellement l’écart de rémunération en défaveur des CDD ». En effet, l’étude constate encore des écarts parmi des tranches d’âges similaires. Parmi les employés de plus de 40 ans, la différence est de 10,4 % (contre 14,4 % en moyenne) en faveur du CDI. Et parmi les moins de 30 ans, l’écart constaté est de 3,1 % en faveur du CDI.
La qualification nécessaire et la complexité des postes expliqueraient aussi cette différence. En effet, sur les postes peu qualifiés, l’écart de rémunération constaté est de 4,4 % en faveur du CDI. De plus, il y a proportionnellement plus de postes peu qualifiés en CDD qu’en CDI par rapport aux autres emplois analysés.
Les pratiques sont donc globalement en faveur du CDI. Ainsi, on peut constater que le passage en CDI signifie aussi une augmentation du salaire brut. Ce qui est ironique, c’est qu’une fois ces pratiques relevées et analysées, l’étude conclut qu’elles expliqueraient une différence de salaire moyenne de 15,3 %, et non pas de 14,4 % comme noté plus haut. Ainsi, on peut en déduire qu’un salarié en CDD qualifié, avec de l’ancienneté et toutes les autres pratiques égales à un CDI, touche davantage qu’un CDI en réalité. Ces cas sont simplement trop rares pour influencer les constats faits dans cette étude.
Source : Des CDD moins bien rémunérés que les CDI : d’où vient l’écart ?
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