L’exposition des femmes au harcèlement n’est pas un phénomène nouveau mais après les récents événements, celui-ci semble nous éclater en plein visage, comme s’il s’agissait d’une révélation inattendue. Les femmes libèrent désormais leur parole dans les médias et autres réseaux sociaux. Que cela traduit-il de notre société ?
Depuis l’affaire Harvey Weinstein qui a explosé début octobre 2017, de très nombreuses femmes font état du mauvais comportement des hommes via les hashtags #BalanceTonPorc ou encore #MoiAussi, déclinés dans plusieurs langues différentes. Récemment, une liste noire d’hommes présumés harceleurs dans le monde des médias a été révélée et le CSA a rendu un rapport portant sur les inégalités de traitement entre les femmes et les hommes dans la publicité.
Si la sexualisation de la femme dans la publicité n’est pas une découverte, tout comme certaines inégalités, comme c’est le cas au niveau des salaires, la notion de harcèlement, très tabou, a pris une toute nouvelle dimension ces dernières semaines. Convoitise sexuelle, chantage professionnel, pressions financières, autant de raisons poussant certains hommes à harceler voir à agresser une femme. Les récents événements viennent apporter la lumière sur le sujet et remettent sur le tapis la notion de sexisme dans la société.
N’apparaît-il pas logique que les femmes réclament une attention davantage portée sur leurs capacités et leur intelligence plutôt que sur leur physique ? Cependant, la notion de sexisme, présente partout dans le monde, implique le maintien des femmes à un niveau inférieur à celui des hommes, ces derniers appartenant à une sorte de classe dominante, selon une image standardisée. Il semble malheureusement s’agir d’une assignation historique, héritée du schéma familial patriarcal donnant directement l’avantage et le pouvoir aux hommes.
Il s’agit d’un modèle voué à perdurer si les choses ne changent pas, car s’offusquer des scandales réguliers n’est peut-être pas suffisant pour bannir les dérives du sexisme, à commencer par le langage. Cependant, difficile de savoir par où commencer. L’historienne et psychanalyste belge Sylvie Lausberg a présente son ouvrage Toutes des salopes ! Injures sexuelles, ce qu’elles disent de nous dans une publication récente du Huffington Post.
L’intéressée y expose sa théorie expliquant pourquoi le langage est un prisme important pour comprendre le sexisme. Sylvie Lausberg évoque des « fantasmes qui se manifestent par des images mentales, des élans qui, lorsqu’ils sont légitimés par une culture sexiste, dérapent en prise de pouvoir verbale, psychique puis physique. La généralisation de la stigmatisation des femmes, réduite à leur sexe, pose la violence verbale comme acceptable, peu grave ; celle-ci précède toujours la violence physique. »
L’ouvrage indique l’évolution lente mais inexorable de la condition des femmes, le militantisme féminin, ou encore la source de certains changements, antérieurs à l’affaire Weinstein. Autrement dit, le sexisme et le harcèlement ne datent pas d’hier et bien que la situation soit toujours très préoccupante, notre société changerait doucement mais sûrement.
Sources : Huffington Post – France Info