Chaque année, le gouvernement indien donne des chiffres sur la mortalité dans le pays. Néanmoins, il s’agit davantage d’une estimation que d’un chiffre précis. En réalité, les autorités indiennes ont toutes les peines du monde à comptabiliser le nombre de décès par an.
Des chiffres très imprécis en Inde
L’Inde ne manque pas de revenir régulièrement à la une des médias. Récemment, l’industrie du cinéma indien a par exemple été secouée par l’affaire Deepika Padukone. Faisant partie des actrices les plus populaires du pays, celle-ci vient de perdre un rôle pour avoir réclamé le même salaire que son homologue masculin. Plus récemment encore, The Atlantic rappelait un état de fait à peine croyable sur l’Inde. D’après les chiffres officiels du gouvernement indien, environ 9,7 millions de personnes meurent chaque année dans le pays. Néanmoins, il s’agit d’une estimation et non d’un chiffre précis.
En réalité, les autorités n’arrivent pas à comptabiliser les décès de manière précise. Peuplée par 1,36 million d’habitants, l’Inde compte pas moins de 600 000 localités et 23 langues officielles. Surtout, le système de santé y est déstructuré et désorganisé. Cet environnement particulier fait que dans de nombreux lieux (souvent de petits villages), des décès se produisent sans que les autorités n’en soient informées.
Un problème trop difficile à résoudre ?
Alors que le monde n’est pas encore sorti de la crise induite par le coronavirus SARS-CoV-2, l’Inde est ainsi incapable de comptabiliser précisément le nombre de personnes décédées. Les chiffres officiels se situent entre 3 et 4 000 décès par jour. Cependant, il est impossible d’être plus précis et surtout, les observateurs pensent que la réalité est bien plus macabre. Or, si l’Inde ne peut pas quantifier l’évolution de l’épidémie sur son propre territoire, il lui est donc impossible d’établir et mettre en place un protocole sanitaire digne de ce nom.
L’Inde n’a pas non plus de service d’état civil, comme c’est le cas dans une centaine de pays dans le monde. Au passage, rappelons que l’OMS estime que deux tiers des décès mondiaux ne sont pas déclarés auprès des autorités. Au vu du problème, les autorités indiennes sont tout simplement démunies. Manque d’information de la part des lieux les plus reculés, population imposante et problèmes structurels, tout semble jouer contre une éventuelle future amélioration.
Citons enfin le témoignage de Yogesh Kalkonde, docteur en santé publique basé en Inde ayant pointé une aberration prouvant que le système indien est défaillant. L’expert affirme que de nombreux médecins en Inde ne sont pas formés à prononcer correctement la mort d’une personne ou à en définir la cause de manière précise. Sur les certificats de décès disponibles (ce qui est déjà un exploit), il y a parfois des mentions à peine croyables. Par exemple, la cause de la mort peut être « arrêt cardiorespiratoire », ce qui signifie simplement que la personne a cessé de respirer et que son cœur a lâché. Un diagnostic on ne peut plus flou…