Il y a peu, le nouveau président des États-Unis, Joe Biden, a appelé à agir afin de limiter la circulation des armes à feu dans le pays. Toutefois, plusieurs obstacles pourraient faire échouer les législateurs dans l’adoption de ces nouvelles mesures, dont le lobby des armes et le célèbre second amendement de la Constitution.
Deux axes de changement
Depuis le 20 janvier 2021, Joe Biden est le 46e président des États-Unis. Bien décidé à changer certaines choses après le passage de Donald Trump, il a demandé le 14 février dernier au Congrès de prendre des mesures pour limiter la circulation des armes à feu dans le pays. Dans une déclaration, le chef d’État a expliqué que son administration n’attendra pas la prochaine fusillade de masse pour aller de l’avant sur cette question. Joe Biden a par ailleurs choisi une date symbolique pour faire sa déclaration. En effet, le 14 février 2018, un jeune de dix-neuf ans a pénétré dans son ancien lycée en Floride et a tué dix-sept personnes à l’aide d’un fusil semi-automatique AR-15. Il avait acheté cette arme en toute légalité malgré ses antécédents psychiatriques.
Le président a identifié deux axes pour faire avancer les choses, dont le premier n’est autre que la vérification des antécédents des acheteurs pour toutes les ventes d’armes. Le second point concerne une interdiction des fusils d’assaut et des chargeurs à haute capacité.
La mission que s’est donnée Joe Bidden est délicate dans la mesure où les démocrates ont aujourd’hui une courte majorité au Sénat. Ainsi, il leur faudra le soutien d’une dizaine de républicains pour faire adopter les lois prévues. Par ailleurs, la puissante National Rifle Association (NRA), important lobby des armes à feu, a déjà montré par le passé son opposition farouche face à toute tentative de changer les règles. Si certaines lois parviennent parfois à passer, c’est uniquement à l’échelon local. À titre d’illustration, début 2020, les législateurs ont renforcé l’examen des antécédents judiciaires des acheteurs dans l’État de Virginie. Ils ont également réussi à interdire les chargeurs de plus de dix cartouches ou encore l’achat de plus d’une arme par mois.
Three years ago today, a lone gunman took the lives of 14 students and three educators in Parkland, Florida. In seconds, the lives of dozens of families were changed forever. As we mourn with the Parkland community, we mourn for all who have lost loved ones to gun violence. pic.twitter.com/k050oDHXIi
— President Biden (@POTUS) February 14, 2021
Un droit constitutionnel
Un autre obstacle de taille se dresse devant Joe Biden : le second amendement de la Constitution des États-Unis. Ce dernier fait partie des dix amendements de la Déclaration des droits écrits et votés le 15 décembre 1791. Le voici : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne doit pas être transgressé. » Dans les faits, le second amendement garantit à tout citoyen des États-Unis le droit de détenir des armes.
La « milice » est un concept provenant d’Angleterre, renforcé au XIIe siècle lorsque Henri II obligea les hommes libres à prendre les armes pour la défense publique en 1181. Il était alors normal d’acheter, entretenir et conserver ses propres armes. Or, avant la déclaration d’indépendance des douze États américains, les sujets britanniques bénéficiaient de la Déclaration des droits anglais de 1689. Celle-ci stipulait notamment que les colons protestants avaient le droit de posséder une arme pour leur défense.
Aujourd’hui, un nombre très important de citoyens des États-Unis tiennent énormément à ce second amendement qui tient ses origines d’un autre temps. Posséder une arme à feu est pour eux un droit fondamental. De plus, la NRA use de son influence pour maintenir cette idéologie à flot et contrecarrer les tentatives de changement. Joe Biden aura donc fort à faire pour changer les mœurs dans son pays et limiter la circulation des armes.