Le confinement révèle les ratés de la lutte anti-tabac en France

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Des hausses des ventes de cigarette de l’ordre de 23% en France au mois d’avril suite au confinement et à la fermeture des frontières. La crise du coronavirus aura pour la première fois permis de chiffrer les ratés de l’approche française en matière de lutte contre le tabagisme, alors que celui-ci demeure la première cause dé décès évitable en France avec plus de 73 000 décès par an.

« La hausse du prix du paquet de cigarettes fait mécaniquement baisser le nombre de fumeurs ». C’est sur la base de ce présupposé que le gouvernement français a adopté une politique tarifaire beaucoup plus agressive que chez nos voisins européens. Le prix du paquet de cigarettes est de 10 euros en France, contre seulement 5 euros en Espagne, 5,4 euros en Italie, 6,3 euros en Belgique et 6,4 euros en Allemagne.

Et de fait, à mesure que le prix du paquet augmentait en France ces dernières années, les chiffres des ventes chez les buralistes de l’hexagone décroissaient. Au point que la consommation de cigarettes de contrebande et de contrefaçon s’est élevée jusqu’aux aux alentours de 27% de la consommation globale de cigarettes en France selon le cabinet de conseil KPMG, un record en Europe.

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Crédits : Tumisu – pixabay

L’épisode du confinement et de la fermeture des frontières que nous venons de vivre en raison de la pandémie de Covid-19 a battu en brèche cette idée reçue, et a au contraire mis à jour une réalité dont personne ne soupçonnait l’ampleur. Selon les chiffres publiés par les buralistes, les ventes de cigarettes ont progressé de 23,7% au mois d’avril par rapport à mars en France.

Une hausse considérable des ventes qui s’explique par la fermeture des frontières avec d’autres pays comme l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg ou encore la Suisse où les cigarettes coûtent moins chères qu’en France, et où les habitants de la région ont pris l’habitude de s’approvisionner.

Le président de la Confédération des buralistes, Philippe Coy, qui estime que les ventes de cigarettes ont augmenté de 30 à 40% dans les zones frontalières, souligne que « la fermeture des frontières et le non-déplacement de nos concitoyens a provoqué un sursaut d’activité dans le Nord, l’Est, les Pyrénées-atlantiques et orientales », a-t-il assuré.

Des chiffres qui imposent de se poser les bonnes questions quant à la politique de lutte contre le tabagisme, aujourd’hui essentiellement basée sur la dissuasion par les prix. Alors que la cigarette tue chaque année en France 73 000 personnes, la contrebande permet de contourner les augmentations de prix et dissimule la véritable ampleur de la prévalence tabagique en France.

Source : La Dépêche

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