Il y a quelques jours, les footballeurs de l’équipe nationale d’Allemagne ont décidé de dénoncer la situation au Qatar, organisateur du prochain mondial. La veille, leurs homologues nordiques de l’équipe de Norvège avaient fait de même.
Quand les joueurs dénoncent la situation au Qatar
En 2010, le Qatar se voit attribuer l’organisation de la Coupe du Monde de football 2022. Outre les conditions assez floues concernant cette attribution, le plus grave est la situation alarmante des travailleurs migrants œuvrant sur les chantiers des futurs stades. En 2015, les sponsors de la Coupe du Monde 2022 ont fait l’objet d’une campagne anti-esclavagisme. La même année, nous évoquions le stade d’Al Wakrah, un bijou d’ingénierie malheureusement sujet à controverse.
Entre 2010 et 2015, pas moins de 900 ouvriers avaient péri sur les chantiers, un total avoisinant aujourd’hui les 6 500 selon une enquête publiée par The Guardian le 23 février 2021. Or, le jeudi 25 mars, l’équipe d’Allemagne a manifesté pour les droits de l’homme avant le coup d’envoi de son match contre l’Islande, comptant justement pour les qualifications à la coupe du monde au Qatar.
Aucune sanction pour les joueurs
« Ils ont tout dessiné sur leurs maillots. C’était censé être la première déclaration de notre part, de l’équipe. Nous défendons les droits de l’homme, quel que soit le lieu. Ce sont nos valeurs. Par conséquent, c’était une très bonne et importante déclaration » a déclaré le sélectionneur allemand Joachim Löw, des propos relatés par le quotidien L’Équipe.
Le sélectionneur avait indiqué qu’il était totalement au courant de l’action qu’avaient prévu ses joueurs. Selon lui, il s’agissait d’une très bonne et importante déclaration. Ainsi, les joueurs de la « Mannshaft » ont imité leurs homologues norvégiens de la veille. En effet, les joueurs de l’équipe nationale de Norvège ont également arboré un tee-shirt spécial avant leur rencontre contre Gibraltar (voir ci-après). Après la rencontre Gibraltar-Norvège, la FIFA avait expliqué qu’aucune sanction ne serait infligée aux joueurs.
Des manquements dans l’application des réformes
En novembre 2020, Amnesty International avait fait une mise à jour de la situation des travailleurs qui d’ailleurs, ne concerne pas seulement le football. Quelques évolutions notables ont – en théorie – fait leur apparition comme l’adoption d’une réglementation sur la durée du travail des personnes logeant chez leur employeur ou encore l’amélioration de l’accès à la justice via la création de tribunaux spécialisés dans le droit du travail. Citons également la création d’un fond destiné au versement d’indemnités pour les salaires impayés ou la fixation d’un salaire minimum.
Seulement voilà, des manquements importants se font sentir dans la mise en œuvre de ces reformes. Ainsi, de très nombreux travailleurs migrants restent pris dans le cercle vicieux de l’exploitation.