Seriez-vous prêt à devenir sexeur de poussins pour un salaire de 4 500 euros par mois ? Le sexage, c’est l’action de trier les animaux en fonction de leur sexe. Dans le cas des poules pondeuses, peu après leur naissance, les mâles et les femelles prennent des chemins radicalement opposés. En Grande-Bretagne, les industriels agroalimentaires peinent à recruter malgré un salaire attractif.
Différencier un poussin mâle d’un poussin femelle est un art aussi compliqué que recherché. En effet, à ce stade du développement du gallinacé, les différences sont infimes, mais certaines disparités permettent néanmoins de les séparer grâce au touché et à l’oeil. Cette phase de la production est essentielle à l’industrie agroalimentaire, les femelles étant jugées plus intéressantes que les mâles, car elles pondent. Leur sélection permet ainsi de réduire des coûts d’alimentation.
Les mâles ne pondent pas d’œufs et grandissent bien plus lentement que les poulets de chair à croissance rapide « optimisés » qui sont abattus lorsqu’ils atteignent les 42 jours. Il faudrait les nourrir beaucoup pour obtenir peu de chair. Ils n’ont donc aucun intérêt économique pour les éleveurs et finissent broyés ou gazés. Une bien triste réalité…
Pour devenir un expert en sexage de poussin, il faut suivre une longue et fastidieuse formation, accepter des journées de travail de 12 heures et être capable de palper environ 1000 poussins par heure (soit un poussin toutes les 3 à 5 secondes) avec un taux de précision de 97 à 98 %. Créé en Asie, ce métier peine à séduire en Europe malgré un salaire annuel de 55 000 euros. Pire, selon le DailyMail, si quinze sexeurs de poussins ne sont pas trouvés dans les prochaines semaines, les exploitants pourraient perdre une grande partie de leurs marchés internationaux.
Au-delà du salaire attractif que ce métier pourrait offrir, vient ici la question de l’éthique. En effet, il semble difficile de s’imaginer décider de la vie ou de la mort des poussins sur une simple palpation. En même temps, le destin réservé aux femelles n’est pas forcément plus reluisant. Enfermées et entassées, elles passeront leur courte vie à pondre encore et encore et à être bourrées d’antibiotiques pour optimiser leur croissance avant de finir dans vos assiettes. Appétissant n’est-ce pas ?