Trop beau pour être vrai, l’hydrogène cache-t-il un loup ?

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Depuis plusieurs mois, l’hydrogène est présenté comme une source d’énergie totalement vertueuse. Elle serait abondante, renouvelable, sans émissions de CO2 et sans prise de tête dans son usage quotidien contrairement à l’électrique. Devant tous ces supposés avantages, les Français restent dubitatifs. L’hydrogène ne cacherait-il pas un loup ?

Ces dernières années, et particulièrement ces derniers mois, l’hydrogène jouit d’une publicité presque sans précédent dans le monde de l’énergie. Avec le solaire et l’éolien, cette ressource serait l’une des renouvelables les plus prometteuses pour la planète. A force de promotion, 53% des Français disent en avoir plutôt une bonne image selon une étude d’Harris Interactive, réalisée en mai 2021. Aussi, 86% d’entre eux l’associent aux énergies d’avenir par ses qualités. Quelles sont-elles ? Abondante, propre, renouvelable, facile à utiliser…

Bon, mais pas totalement

L’hydrogène se présente ainsi comme une source d’énergie totalement avantageuse. L’idéal pour les transports du futur. On comprend donc pourquoi de nombreux constructeurs se lancent dans la production de voitures à hydrogène ces temps-ci. A l’image de Peugeot, Hyundai et Daimler. Pour développer son usage, plusieurs pays ont même présenté des plans intégrant l’hydrogène à plusieurs milliards d’euros. Citons l’Allemagne qui a mis sur la table 9 milliards en juin 2020 et la France qui a annoncé 7 milliards dans un premier temps. Bien que compréhensible, cet engouement des Etats et des géants du pétrole (Total par exemple) suscite cependant des questions parmi la population. On peut se demander si l’hydrogène est vraiment propre.

Si les stratégies des gouvernements vantent les vertus de l’hydrogène vert, il faut souligner que la très large majorité de l’hydrogène reste gris, c’est-à-dire produit à partir des énergies fossiles. Celles-ci émettent du dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre en grande partie responsable des changements climatiques. D’ailleurs, même si l’hydrogène produit est vert, c’est-à-dire issu des renouvelables (solaire, éolien, hydroélectrique), il y a toujours un problème : l’utilisation d’eau en grande quantité. Un autre gaspillage…

hydrogène schéma
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L’hydrogène naturel ouvre le champ des possibles

L’hydrogène est-t-il donc sans intérêt ? Non, évidemment. Selon certains experts, il conviendrait parfaitement aux transports lourds comme les navires. Leurs réservoirs seraient plus adaptés aux contraintes de ce gaz : volume et compression. Pour atteindre aussi la mobilité légère, d’autres spécialistes des renouvelables appellent à regarder sous nos pieds. En effet, il existe un hydrogène naturel, découvert il y a une dizaine d’années dans plusieurs pays. Parmi eux, le Mali où l’exploitation a débuté en 2012. C’est la première et la seule connue au monde, hors celle du Texas (Etats Unis).

Cette révolution énergétique a cours près de Bourakébougou, un village situé à 60 kilomètres de la capitale malienne, Bamako. La compagnie Hydroma, fondée par le milliardaire malien Aliou Boubacar Diallo, y transforme l’hydrogène naturel en électricité verte. Le tout sans émissions de CO2, le processus ne produisant que de la vapeur d’eau. « Au départ on nous disait que l’hydrogène naturel ne servait à rien, mais nous avons prouvé le contraire. Nous avons réussi à produire de l’électricité décarbonée avec une unité pilote qu’on a installée en 2012. Sept ans durant, nous avons produit une électricité décarbonée et sans émission de C02 pour le distribuer au village de Bourakébougou : les places publiques, la maison du chef du village, les salles de prière, etc. », a récemment résumé Aliou Diallo.

L’action nuisible du lobby des énergies fossiles…

Les travaux d’Hydroma au Mali ont confirmé que l’hydrogène naturel est un gaz totalement vertueux. Il est abondant sur les continents (ce que les géologues français Alain Prinzhofer et Éric Derville ont déjà prouvé), renouvelable, propre et surtout moins cher (autant la production que le prix sur le marché). On est ainsi écœuré de constater un désintérêt total des pouvoirs publics et des industriels vis-à-vis d’une telle ressource. Mais on comprend tout à la lumière de cette déclaration d’AliouDiallo en début d’année : « Aujourd’hui les compagnies pétrolières fabriquent de l’hydrogène avec du méthane. Elles n’ont donc pas intérêt qu’il y ait une autre source d’hydrogène complètement indépendante de leur business carboné. Et il faudrait qu’on fasse très attention à cela car il ne faudrait pas qu’elles viennent mettre le pied sur l’hydrogène naturel pour l’empêcher de produire parce que tout simplement ça va réduire leur part de marché dans la production de l’énergie dans le monde. ».